L'effet papillon

Ecrire une critique de The Last Of Us 6 mois après y avoir joué n'est pas si facile, mais avoir revu une amie y jouer m'a fait penser que je n'ai pas lâché ma prose sur ce jeu qui mérite pourtant de faire couler de l'encre.

Puisque ça fait si longtemps, je vais faire court et bref : The Last of Us 2eme partie est un véritable bijou du jeu vidéo, une œuvre complète qui pousse chaque corps de métier au bout de ce qu'est capable de livrer ce média aujourd'hui.

L'aspect technique visuel et sonore est tout simplement irréprochable, impeccable, avec une mention sur les animations d'une fluidité incroyable, du jamais vu pour ma part. La végétation qui oscille entre le photo réaliste statique et l'hyper vivant / junglesque des hauts herbes pour ce cacher est superbe dans les 2 cas.

Coté gameplay, je n'avais pas ressenti une telle sensation de jeu d'infiltration depuis MGS 3. Qu'est ce que j'ai pris du plaisir à "nettoyer" des zones, sans me faire repérer, avec une IA et des situations assez différentes au long de l'aventure, un level design au petit oignon et un personne qui répond au doigt et à l'oeil.
Juste jouissif à tout moment du jeu, il n'y a presque rien à jeter dans The Last Of Us II, avec une mention spéciale pour tous les passages avec les mecs qui sifflent, dans la nuit.
Les armes sont toujours efficaces, leur feeling est toujours aussi brut et cru, et coté "horreur", là ou je n'ai jamais eu la moindre sensation de panique avec le premier épisode, le 2eme a quelques bons passages de stress, dont un à littéralement faire dans sa couche. Gros up par rapport au premier épisode, un peu rigide et simple par moment.

Et enfin, coté histoire, je n'ai pas compris pourquoi les gens râlent autant, je n'ai pas suivi la débâcle, qui de loin avait l'air de ressembler à une manifestation anti-avortement : peu de gens, beaucoup de bruit, que des cons. C'est quoi le problème ? Ellie est gay ? Franchement les gars si vous ne supportez pas de voir 2 femmes qui s'embrassent à l'écran, il va sérieusement falloir songer à la thérapie.

On aime ou on aime pas la direction prise par The Last Of Us, il fallait pas mal de couille pour opérer un tel changement de point de vue à mi parcours, qui nous rappelle un peu le pari MGS2, qui avait aussi fait braillé en son temps.
Là ou c'est osé, c'est la tentative de supprimer le coté manichéen de TLOU2, ou le challenge serait de faire passer les gentils pour les méchants, et inversement. Pari réussi ? Chez certains ça a marché, chez d'autres pas du tout, quoi qu'il en soit ça n'enlève pas toutes les scènes aussi poignantes les unes que les autres, toujours très crue, et toujours très vraie. Pour ma part j'ai trouvé ça très réussi, très audacieux, et qu'une telle prise de risque fait plaisir à voir dans un milieu qui a du mal à prendre des risques narratifs.

C'est peut-être ça qui rend The Last Of Us II si unique : C'est un jeu audacieux, à tout point de vue, et d'une finition, d'une finisse, jusque dans les moindres détails, inégalé, et je pense inégalable pendant un moment. J'ai beau avoir apprécié Ghost of Tsushima juste derrière, la transition de passer de l'un à l'autre fait très mal sur le plan visuel, alors que pourtant GoT est très joli.
Seulement voilà, Naughty Dog est tellement au dessus. TLOU 2 est tellement au dessus. Et ce n'est pas les quelques longueurs de rythme et écueils d'écriture ici et là qui y changeront quoique ce soit.

C'est difficile de se dire que toute cette qualité n'a pu être fait au détriment de la santé et du travail trop conséquents des équipes de développement. C'est bien beau d'avoir une telle pépite dans les mains, mais est-ce que ça en valait vraiment le coup humain ? Est-ce que je récompense pas ce genre de méthode en lui attribuant un 10 ?
Une question encore taboue dans un média ou une majorité du public s'en fout tant que la qualité est là. Et quand elle ne l'est pas, on connait la suite, pas vrai Cyberpunk ?