The Last Of Us Part II est une aventure fantastique qui utilise toutes les possibilités offertes par le jeu vidéo pour donner du relief une histoire de vengeance haletante.


The Last Of Us copiait sagement les codes du post-apo pour nous faire jouer un road movie où le héros, Joel, traversait les Etats Unis en compagnie de sa protégée immunisée, Ellie. Dans cette deuxième partie, le studio tire un trait sur l'exercice de style et mélange une quantité impressionnante d'ingrédients pour raconter une histoire interactive d'une ampleur à couper le souffle.


Pris séparément, rien dans le jeu n'est foncièrement original : l'histoire d'Ellie est une histoire de vengeance comme on en a beaucoup vu. Les jeux vidéos qui ont imaginé à quoi pouvaient ressembler notre civilisation en ruine ne manquent pas. On s'est habitué aux invasions de zombies enragés et aux sociétés survivalistes.


The Last Of Us Part II arrive cependant à trouver un dosage entre tous ces ingrédients qui décuple l'impact que la quête de vengeance d'Ellie a sur nous en tant que joueur.


Le jeu continue de s'appuyer sur le talent de ses acteurs, renforcé par une modélisation 3D impressionnante de minutie et de détails. Le monde de The Last of Us s'enrichit avec les sociétés de survivants que l'on peut explorer à Seattle et Jackson. On aura rarement vu un monde futuriste aussi finement décrit qui fourmille de mille détails les rendant plus crédibles. Le post-apo est toujours présent avec des environnements urbains conquis par la nature qui sont à couper le souffle. Cependant, le genre se limite au décors, car le reste du jeu laisse sa place à l'horreur : l'épouvante des pandémies zombiesques est au rendez-vous avec de nouveaux infectés plus champignonnées que jamais. L'ambiance est complétée avec l'ultra violence des factions fascistes militaristes auxquels ont doit faire face. Le folk-horror s'invite aussi avec des groupes de cultistes à glacer le sang.


Malgré la linéarité du jeu, l'avalanche de détails et la richesse du monde de Part II accomplit parfaitement l'immersion. Le gameplay nous demande toujours d'explorer la moindre poubelle à la recherche de ressources et de munitions, et de jongler entre discrétions et affrontements pour éliminer ses ennemis, et donne d'autant plus envie de continuer cette aventure dans les chaussures d'Ellie.


L'autre richesse de The Last Of Us est ses personnages. C'est sans doute là que le jeu repousse les frontières du jeu vidéo, en particulier dans un blockbuster. La où le premier jeu n'avait que des personnages secondaires clichés, la moindre patrouille de cette deuxième partie semble plus vivante que jamais. Chaque garde a une voix différente, et on ressent chaque agonie comme péniblement réaliste.


Les personnages entourant Ellie sont quant à eux émouvants de complexité. Le jeu passe un temps considérable, entre flash backs et discussions anodines, à rendre ses survivants plus sympathiques, renforcés par le talent des acteurs leur prêtant leur voix.


Avec cet entourage aussi riche, le jeu donne une dimension qu'un film n'aurait pas le temps de dépeindre, en nous faisant découvrir le point de vue des adversaires et compagnons d'Ellie, et en rendant du même coup les actions de l’héroïne d'autant plus bouleversantes.


On peut mesurer la réussite du jeu à l'impact de ses cinématiques : à force de parler, d'explorer et de se battre dans ce monde hostile, les scènes clés deviennent tour à tour horrifiques, dramatiques, nihilistes jusqu'à en nouer l'estomac du joueur.


On aurait évidemment souhaiter avoir plus de contrôle sur les interactions entre les personnages. Mais si on rajoute à cela les lumières fantastiques du jeu, les explorations de la ville s'étalant sur plusieurs niveaux, les affrontements aussi divers que plaisants à jouer, la musique de Gustavo Santaolalla, et l'inclusion très réussie de personnages gays, bi et trans, cela donne un cocktail faisant de The Last Of Us une descente aux enfers aussi horrifique que enivrante.

Ytterbium
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Créée

le 5 juil. 2020

Critique lue 103 fois

Ytterbium

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