The Legend of Zelda: Echoes of Wisdom
7.4
The Legend of Zelda: Echoes of Wisdom

Jeu de Grezzo et Nintendo (2024Nintendo Switch)

Bon... Au risque de passer pour le vieux con de service, je pense que je resterai à jamais nostalgique de cette période où la sortie d'un nouveau Zelda était un événement. Un événement parce que la promesse d'un dépassement ; d'une audace ; d'une conquête...

Là on est en 2024, un nouveau Zelda vient de sortir (comme l'année d'avant et comme encore deux ans auparavant) et il semble déjà acté par tous – et cela depuis le départ – qu'au mieux il n'aspirera juste qu'à être sympa.

Zelda, désormais licence qu'on essore. C'est triste...


Alors oui, j'entends bien le discours qui a fini par s'imposer à ce sujet : oui c'est l'air du temps qui veut ça et, oui aussi, ça n'était pas comme si les épisodes qui sortaient étaient faits à la va-vite. C'est vrai que cet Echoes of Wisdom reste un titre propre, mécaniquement solide et qui sait réutiliser l'ADN de la saga avec savoir-faire : pas grand chose à dire là-dessus. Mais bon voilà, moi – sincèrement – j'en ai juste ma claque. En un mot comme en cent : dans cet énième épisode, je m'ennuie.


J'ai pourtant espéré, je l'avoue. Un épisode où on ne joue pas Link mais Zelda, c'était quand même la promesse d'une possible réinvention des mécaniques de la saga et – d'une certaine manière – ce fut effectivement le postulat de base sur lequel cet épisode s'est construit.

Pas d'épée. Pas d'arc. Pas de bombe. Dès le départ, Zelda ne va pouvoir jouer que d'astuce, en sachant quoi dupliquer dans quelle situation. Pierres, lits, ennemis : tout est bon pour bâtir des passerelles, nettoyer des zones et dégager des obstacles. La première heure de jeu a éveillé ma curiosité. J'attendais de voir où tout cela allait me conduire et puis j'ai vite vu. En fait ça ne m'a pas conduit très loin ou, pour être plus précis, ça m'a très vite ramené en terrain connu.


Première déception, pas anodine du tout : la reprise de l'esthétique du précédent remake de Link's Awakening sorti quatre ans plus tôt.

Alors oui, je sais, c'était affiché d'entrée. Sur ce plan-là on ne m'avait pas menti et c'était à moi d'accepter le deal. Après tout, ce n'est pas comme si une proposition de jeu ne tenait qu'en sa seule promesse esthétique, surtout quand il est question d'un Zelda. Mais bon, voilà, autant je trouve que sur le papier le principe tient – et je l'avais d'ailleurs pleinement accepté au moment d'acheter ce jeu – autant, dans la pratique, ça m'a vite gavé.


C'est que, quatre ans plus tôt, elle m'avait déjà posé souci cette esthétique tilt-shift au rendu très plastique, dans Link's Awakening. Au premier abord c'est certes très mignon et ça peut se révéler pertinent au regard de la perspective revival d'un vieil épisode iconique, mais l'absence totale de renouvellement de cette esthétique – notamment sur le plan de ses teintes très chatoyantes – a pour moi clairement nui à la fois au sentiment de découverte (l'impression d'être tout le temps sur le même plateau à jouets) mais aussi à l'immersion et à l'esprit d'aventure (zéro tension dans l'univers chromatique des Teletubbies).

Donc déjà que j'avais trouvé de nombreuses limites à ce parti pris visuel tout le long de ma partie sur Link's Awakening, que voilà qu'on me le ressert pour un second opus, sans changement ni véritable ajout (exception faite des failles), si bien que, d'emblée cet Echoes of Wisdom a souffert à mes yeux d'un terrible manque de personnalité. Pire, avec le recul, je trouve même que ça manque de charme.

Allez, j'ose le dire : je considère même ça plutôt moche.

Fainéant et moche. Ça commence bien...


Et par rapport à cet aspect-là, cet épisode ne s'aide vraiment pas. Rien ne nous sortira jamais vraiment de nos représentations d'un Zelda standard ; pour ne pas dire des stéréotypes d'un Zelda lambda. Palais d'Hyrule, désert gérudo, bassin Zora, tout y passe, sans que jamais rien ne vienne nous surprendre. On se balade dans ce monde comme à travers les rayons de la supérette qu'on parcourt depuis trente ans. Les rayons sont les mêmes, les produits aussi. Le geste est robotisé, alimentaire. L'aventure est ailleurs, l'épopée nulle part, et surtout la magie a pris un sérieux coup dans l'aile, que ce soit au regard de ces dialogues interminables et creux, ces musiques sans personnalité qui sonnent en permanence comme des déclinaisons peu inspirées de thèmes connus, ou bien encore tout simplement au regard de l'absence consternante de mise-en-scène. (Le château se fait avaler par une faille ? Fondu de lumière. Le château réapparait ? Nouveau fondu lumineux. Non mais franchement : ce niveau de fainéantise, c'est affligeant.)


Tout ça pourrait apparaître comme une liste de défauts bien superficiels, j'en conviens. Après tout, tant qu'on a de belles mécaniques de gameplay, on a l'ivresse, n'est-ce pas ? Seulement voilà, loin d'être anecdotique, cette impression générale de décalcomanie insipide se retrouve finalement dans tous les secteurs du jeu, y compris dans le gameplay au bout du compte.


Parce que revenons justement sur cette proposition de jeu originale que nous fait cet Echoes of Wisdom d'incarner Zelda. Que ressort-il de ces mécaniques centrées sur le pouvoir de duplication plutôt que sur le combat à l'épée ?

Certes la première heure de jeu était riche de promesses.

À peine le jeu m'avait-il initié à ses principes fondateurs qu'il suscitait déjà chez moi moults attentes et fantasmes sur la manière dont il allait les développer et les enrichir. Or, sur ce plan-là aussi, ce fut rapidement la désillusion.

Alors certes, le titre – en bon opus Nintendo qu'il reste – sait régulièrement rajouter outils et capacités supplémentaires pour entretenir le sentiment de progression, mais tout ça révèle aussi très vite un manque cruel d'ambition ; ambition qui a semblé une fois de plus bridée par cette culture omniprésente du moindre effort et de la récup' à tout va.


Partout où on porte son attention dans ce jeu qu'on tombe presque systématiquement sur un reliquat d'épisode Switch. Menus, indicateurs de quête, structures de niveau... Ça pourrait n'être que secondaire si on n'en ressentait pas en permanence l'incidence sur notre plaisir de jeu.


Par exemple, pourquoi autant de monstres et de combats dans ce jeu quand on sait que Zelda ne peut pas se battre par elle-même ?

J'en entends certes déjà me répondre que c'est pour nous obliger à solliciter les invocations de monstres et ainsi expérimenter une toute nouvelle façon de combattre dans un Zelda et franchement pourquoi pas... Mais reproduire ça dans le cadre, dans les mécaniques et dans les structures d'un Link's Awakening, c'est juste pauvre et chiant.

Les intelligences artificielles sont ultra-basiques au possible et, entre des patterns plus que rudimentaires et des espaces de combat pas toujours (voire rarement) adaptés, il est fréquent d'assister à des confrontations répétitives, poussives et pathétiquement allongées par des créatures qui patinent pour se toucher.

Autant vous dire que, déjà qu'au sein d'un jeu Zelda je trouvais que ça faisait tache, mais quand en plus de ça je me dis que cette tare résulte sûrement d'une volonté de recycler au maximum pour adapter au minimum, j'avoue que ça a de quoi me foutre en pétard.


Je trouve ça fou que le monde de cet Echoes of Wisdom semble si peu pensé en fonction de la proposition de gameplay posée sur la table. C'est juste du Link's Awakening vaguement bricolé pour accueillir Zelda, un peu comme le Hyrule de Tears of the Kingdom s'est avéré finalement n'être que le Hyrule de Breath of the Wild vaguement bricolé pour accueillir les nouvelles fonctionnalités de la tablette sheika.

Rien que le fait qu'on finisse d'ailleurs par obtenir dans ce jeu une épée, un arc, des bombes et tout l'attirail traditionnel de Link, ça m'apparaît comme un terrible aveu d'échec ; voire même carrément comme un véritable aveu de paresse. Cette même paresse que j'ai cru voir dans la réutilisation – pourtant fort inopportune – de l'inventaire de Breath of the Wild ; ou bien dans cette palanquée de clins d'œil et de références venue masquer l'absence cruelle de créativité ; voire carrément dans la conception de ces « failles » pourtant censées faire l'identité du titre alors qu'en fait elles ne se réduisent en tout et pour tout qu'à du banal plateformeur sans âme, technique ni enjeu...


Tout cela dresse tout de même un tableau des plus consternants. Et pourtant...

Pourtant, malgré ma volée de bois vert de plastique fluo, je ne peux me résoudre à mettre moins de 4 à cet Echoes of Wisdom...

Pas davantage parce que – 'faut pas déconner non plus – je ne me verrai jamais attribuer la moyenne à une œuvre que je n'ai globalement pas appréciée (surtout quand on sait que je considère plus la note comme un indicateur de recommandation plutôt que comme un indicateur de qualité.). Mais par contre, pas moins non plus parce que, quand bien même ce jeu est-il consternant de fainéantise pour un Zelda qu'il n'en reste pas moins – et ça me ferait presque chier de l'admettre – un jeu pas trop mal exécuté.

C'est ce qui explique d'ailleurs certainement les quelques retours positifs que j'ai pu lire à son sujet jusqu'à présent. Après tout, ça reste vrai que si on n'y met pas trop d'affect ni d'attente, cet Echoes of Wisdom peut occuper des soirées.


Seulement voilà, pour moi, c'est juste au-dessus de mes forces.

OK, je veux bien que ce soit l'air du temps que d'accepter de se bouffer des décalcomanies de grands épisodes d'antan. Hier c'était Tears of the Kingdom qu'il fallait applaudir alors qu'il n'était qu'un gigantesque DLC usant la formule de Breath of the Wild et aujourd'hui donc, ce serait sûrement cet Echoes of Wisdom dont il faudrait vanter l'habile déclinaison des préceptes d'une saga pourtant longuement installée. Pourquoi pas, mais moi – je vous le dis tout net – je ne m'y retrouve pas.

Certes c'est propre et globalement maîtrisé mais, franchement, c'est aussi fade, sans identité, pour ne pas dire sans âme.


C'est triste quand même de voir une saga lessivée comme ça.

Triste que même Zelda finisse par devenir une franchise lambda...

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le 7 oct. 2024

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