Skyward Sword s'évertue à poser constamment cette même question durant la grosse trentaine d'heure qu'il faut pour en voir le bout, et y répond systématiquement par "NON !"
Impression garantie sans spoil, venez sans crainte.
Pourtant, passé l'émerveillement du premier décor ouvert aux touches "impressionnistes" (une façon remarquablement intelligente de se substituer au flou de distance), le classicisme pointe très rapidement le bout de son nez. La difficulté dans un premier temps apparaît dérisoire (Twilight Princess syndrome) et l'on ne coupe pas aux multiples quêtes FeDex symptomatiques de la série (y compris dans la mainquest). Et pourtant, après avoir compris comment allait se dérouler l'intégralité du jeu et que l'on pensait avoir épuisé tout ce qu'un monde avait à nous offrir, les développeurs changent la donne. Ils ont décidé que, plutôt que d'offrir une gigantesque plaine vide où planquer deux trois coffres pour les affamés en manque de trésor, ils allaient exploiter à fond les trois environnements principaux construits spécifiquement pour notre bien aimé Link, sans s'encombrer d'un quelconque véhicule. Car il faut bien l'admettre, si les phases de voles sont réjouissantes (ou chiante à en mourir, selon votre affinité avec les sensations que cela vous procure), elles sont tout à fait secondaires, voir complètement annexes à une seule exception près que je ne divulguerai pas (comptez que cela est bien peu). Link a donc bel et bien les pieds sur terre dans ce Skyward Sword et les développeurs s'amusent très tôt à jouer de nos attentes lorsqu'ils nous présentent une zone désertique morte et peu attrayante pour mieux la transformer sous nos yeux émerveillés et rassurés en feux d'artifice de couleurs et d'interactivités toujours au service du gameplay. Les situations sont variés et interviennent à un rythme satisfaisant pour ne pas lasser le joueur (une fois passés les trois premiers donjons courts, linéaires et prévisibles) et surtout, celui-ci a une prise sur son environnement. Le mot d'ordre est au phasing environnemental et sonore, en cela je ne peux que tirer mon chapeau tant l'un permet une approche agréable de l'exploration et des casse tête, tandis que l'autre varie les ambiances avec une justesse jamais égalé dans un Jeu Vidéo. C'est simple, depuis Nier je n'avais pas entendu un traitement sonore aussi juste. Les transitions musicales sont parfaites et soulignent à merveille le caractère épique d'un assaut ou au contraire le retour au calme lancinant d'une désertique ruine antique.
Malgré sa durée de vie extrêmement correct, le jeu s'avère assez dirigiste. Fay, notre charmante compagne-golem, a tendance à faire un résumé des détails importants de chaque conversation, ce qui peut irriter à terme mais ne vous laisse aucune excuse si vous êtes paumé. Ainsi, exit les phases de recherche guidées uniquement par le vent. Les objectifs sont clairs et les cartes de donjons ont désormais un rôle plus nécessaire qu'utilitaire comptes tenu qu'elles contiennent parfois des annotations cruciales pour notre progression. Les casses têtes n'en restent pas moins alambiqués quoique très surmontables puisque délimités strictement à une salle par épreuve et font essentiellement appel à notre sens de l'observation, comme dans tout Zelda 3D. Impossible de se perdre donc, l'époque du temple de l'eau est très loin derrière.
Les affrontements, pour finir, sont quant à eux clairement exaltants et gagnent grandement en technicité. C'est à se demander si la difficulté des énigmes n'a pas été réduite en conséquence de l'intensité procuré par les combats. Le principe est simple, et les exigences montent crescendo jusqu'à la fin du jeu et le dernier affrontement. Ils reposent sur un contraste difficile à cerner au premier abord puisqu'il s'agit de préparer son premier assaut avec patience et, si le coup parvient à briser la garde, de déchaîner sa rage intérieure en tailladant l'adversaire de toute part. Moi qui ne suis pas particulièrement adepte du motion gaming (bien que je sois prêt à lui laisser sa chance dans certains cas et à soutenir certaines de ses tentatives, No More Heroes 1 et 2 en tête de liste), j'ai été entièrement convaincu par l'apport de cette nouveauté qui m'a clairement donné des frissons lors de certains combats de boss nécessitant une certaine "chorégraphie" de la lame.
Plus riche que ce qu'il semble présenter dans un premier temps, Skyward Sword n'a eu de cesse de m'inquiéter puis de me rassurer aussitôt lors de sa première quinzaine d'heure, avant que je ne cède totalement à l'univers enfantin, coloré, parfois oppressant mais toujours exaltant de cette série emblématique du genre aventure sur console.
P.S. Le jeu est superbe, seules certaines animations lors de l'interprétation des mélodies pêchent, mais assurez-vous de disposer évidemment d'un câble RCA YUV si vous jouez sur un écran HD... sinon c'est évident que vous souffrirez d'un rendu exécrable.
P.S. 2. Une fois achevé le jeu vous propose un "Mode Héroïque" qui supplante votre précédente sauvegarde (unique, comme dans chaque Zelda). D'après les informations qui commencent à émerger du net, les ennemis sont plus dangereux et les coeurs de soin ne dropent plus, toutefois le joueur garde ses consommables de la partie précédente (à l'exception des boucliers). Je comptes peaufiner ma première partie avant de tenter le défi, donc la fiabilité de ces informations est toute relative (hormis le fait qu'il y a effectivement un New Game+, ça le jeu me l'a clairement proposé).