Stanley est un imbécile, plutôt heureux, pourtant, vue d'ici, sa vie elle est plutôt minable ; il est là, tout seul devant son ordinateur, il appuie sur des boutons quand on lui demande, au bon moment, il fait les bonnes choses. Et puis, après il recommence, à l'infini. Une vie nulle à l'infini. Comme tout le monde, Stanley a des voix dans sa tête, il en a deux lui, la bonne voix, celle qui raison, celle qui lui dit quoi faire, celle à laquelle il obéit pour que tout aille bien, pour que tout aille comme il faut. Et il y a l'autre voix, celle qu'il n'entend pas dans sa tête mais qui bat dans son coeur et fait bouillir son sang. Celle là, c'est celle qui fait que tout par en couille.
Stanley est un mec plutôt rationnel alors, vous imaginez bien, il suit la bonne voix tous les jours, et il fait la même chose, et ça se passe bien. Le paradis pour les imbéciles disait Jésus sur sa croix, même s'il le disait pas exactement comme ça. Stanley, s'il avait écouté l'autre, aurait pu avoir mille vies, il aurait pu faire de chaque instant un peu n'importe quoi, il aurait pu juste pour voir, refuser d'obtempérer, faire exactement de l'inverse de ce qu'on attendait de lui, descendre à la mauvaise station exprès, faire des erreurs et persévérer. Il aurait pu se perdre dans la folie des ruelles sombres, se réveiller d'un mauvais rêve. Il aurait même pu devenir un grain de sable dans les rouages et chercher les failles de ce système si vain. Si vain. Il aurait juste pu s'en rendre compte, d'ailleurs, sauter par la fenêtre, mettre à fin ces jours, appuyer sur échap avant de se faire broyer par la machine.
Mais bon. A quoi ça sert ?
Comme dans tellement de critiques, je ne parle que de moi.
Et ce Stanley punk et suicidaire, qui court dans tous les sens, qui se débat face au compte à rebours, ce Stanley qui débranche son téléphone et appuie sur tous les boutons, c'est moi.