NARRATION
Histoire : ★★★☆☆
Un androïde s’éveille au milieu de ruines anciennes. Une voix s’élève alors du ciel et lui ordonne de résoudre des énigmes pour accéder à la vie éternelle. Nous, en tant que robot, nous obéissons… Mais un fauteur de troubles, celui-là sous forme de programme informatique, s’amuse à semer le doute en nous : sommes-nous une simple machine ou une personne réellement dotée de conscience ? Pour notre créateur auto-proclamé, la réponse est toute trouvée : il nous accorde de parcourir son jardin à la seule condition de lui rester fidèle, sans trop se poser de questions, et surtout sans jamais gravir la tour interdite... Pourtant, tout semble sonner faux dans le domaine d’Elohim… Et où mène cette tour immense dont le sommet défendu se perd au milieu des nuages ? Sinon au paradis, vers une vérité jusqu’alors oubliée ?
Même dépourvu de mise en scène, The Talos Principle se distingue d’un grand nombre de puzzle-games grâce à son scénario de grande qualité sur le thème de l’intelligence artificielle. Mais le jeu ne se limite pas à son sujet principal, puisqu’il prendra aussi un malin plaisir à nous interroger sur notre conscience, notre libre-arbitre, ou encore notre héritage : que laisserons-nous à notre mort ? Le tout se révèle très bien écrit, notamment via les nombreux débats d’idées du jeu, qui s’amuseront à remettre en cause notre logique par leurs dilemmes moraux et philosophiques. Un dialogue socratique plein d’intelligence et de réflexions.
Personnages : ★★☆☆☆
Talos, Milton, Elohim et Alexandra Drennan : les personnages du jeu se comptent sur les doigts d’une seule main, et se présenteront à nous uniquement par le biais d’enregistrements audios ou de dialogues textuels… Rien de bien mémorable à ce niveau-là donc, à défaut de chara-design et de personnalités beaucoup plus marquées…
Univers : ★★★★☆
Pour étayer leurs propos, les auteurs Tom Jubert et Jonas Kyratzes se sont appliqués à parsemer l’aventure de divers documents remplissant deux fonctions principales : développer les thématiques du jeu et aiguiller le joueur sur les mystères qui composent son univers ; que sont devenus les humains ? Quel était l’objectif de leurs puzzles ? Et que cache la grande tour ? The Talos Principle pourra aussi compter sur sa myriade d’easter eggs dont certains se révèleront particulièrement élaborés et géniaux à découvrir… mais pour cela, il faudra s’aventurer hors des sentiers battus d’Elohim…
JEU
Game Design : ★★★☆☆
Il est vrai que The Talos Principle ne dispose pas de l’originalité d’un Portal dans ses mécaniques de jeu : cubes à déplacer, portails à désactiver, rayons lumineux à réorienter… mais pas de portal gun à l’horizon… Rien de bien excitant à première vue, même si les développeurs de Croteam sont tout de même parvenus à exploiter leur concept jusqu’à la moëlle en en extrayant une idée inventive à chaque nouvelle énigme : il sera ainsi régulièrement demandé de penser « out of the box », parfois en exploitant les failles de la matrice ou en détournant certains items de leur utilité première. La difficulté montera donc crescendo, nous laissant souvent perplexes une bonne dizaine de minutes avant de pouvoir enfin s’exclamer eurêka ! Seuls petits bémols : les puzzles de tétrominos parfois trop frustrants, ainsi que les messagers d’Elohim, quant à eux complètement inutiles…
Gameplay : ★★★☆☆
Un gameplay archi-basique, qui se limite d’ailleurs à trois boutons principaux : courir, sauter et interagir avec un objet. The Talos Principle pourra toutefois compter sur sa maniabilité ultra-nerveuse héritée de Serious Sam, la série de doom-like développée par Croteam, et dont les déplacements sont tout-aussi dynamiques et plaisants à effectuer.
Level Design : ★★★★☆
Croteam a eu l’excellente idée de construire un monde semi-ouvert où disséminer ses nombreux casse-têtes, une ouverture qui épouse d’ailleurs parfaitement la thématique du libre-arbitre : le joueur sera ainsi libre de choisir dans quel ordre aborder les puzzles, ayant par la même occasion le luxe de revenir plus tard sur un problème qu’il aura trouvé particulièrement retors… Quant aux diverses salles d’énigmes, elles sont toutes très bien pensées, faisant régulièrement appel à notre sens de l’observation et à notre déduction pour en venir à bout. Un très bon design dans son ensemble !
PERSONNALITÉ
Direction artistique : ★★★☆☆
L’aventure dispose de quatre environnements principaux, chacun étant subdivisé en plusieurs zones à la direction artistique variée. Le monde A nous laissera ainsi déambuler dans un semblant de Pompéi, tandis que le B misera plutôt sur son Sphinx, ses pyramides et ses déserts égyptiens ; quant au monde C, il mettra en avant ses châteaux médiévaux, ses forêts et ses églises chrétiennes. Enfin, il faudra compter sur le complexe scientifico-antarctique du hub principal, et sa tour gigantesque disposée en son centre…
Ambiance : ★★★★☆
Portée par ses belles musiques et le sound design de sa nature (le chant des cigales et des mouettes, le bruit du vent et des vagues…), l’atmosphère de The Talos Principle est excellente, mais surtout très apaisante ! Une ambiance qui se prête particulièrement bien à la réflexion et à la méditation, tant au regard de ses énigmes que par ses thématiques philosophiques.
Musiques : ★★★★☆
Grâce à leurs vertus reposantes, les mélodies de Damjan Mravunac sont particulièrement agréables à écouter hors-jeu ou en résolvant ses casse-têtes : parmi les meilleures, on retiendra le chant grégorien Virgo Serena, les musiques d’ambiance When In Rome, The Sigils Of Our Name, Your Wisdom Grows ou encore Heavenly Clouds.
Grâce à son ambiance méditative et un scénario bien écrit sur l’intelligence artificielle, The Talos Principle se hisse sans conteste dans le haut du panier des puzzle-games. Le jeu ne révolutionne en rien le genre, mais pousse malgré tout son concept dans ses moindres retranchements, en proposant par ailleurs des énigmes tout aussi élaborées que ses illustres cousins Portal ou The Witness. Level design ouvert, bande-son superbe, réflexions philosophiques et univers fait de ruines de civilisations passées : que demander de plus pour développer sa propre conscience, sinon s’émanciper de cet Eden presque trop beau pour être vrai ?