J'attendais The Witcher 3 comme un date avec une actrice de cinéma sur laquelle j'aurais fantasmé pendant 5 ans.
Alors évidemment, les présentations sont un peu tremblantes... l'émotion... les étoiles dans les yeux... c'est parfait sur le papier :
- la taille de jeux
- les graphismes
- les doublages
- la musique
- la narration par choix
- la durée de vie démentielle qui s'annonce (et une vie sociale qui s'apprête à se voir totalement bouleversée... des amis auxquels je ne répondrais plus pendant des semaines)
Puis viens l'échange... la conversation. Le moment où elle me challenge et où je la challenge. On découvre les aspérités, la personnalité, les petits trucs qu'elle n'ose pas toujours montrer ou les petits points qui font sa fierté sans se soucier de mes goûts et mes couleurs. Ça fait mouche mais pas tout le temps.
- le nouvel arbre a compétence... mieux maitrisé et plus intéressant en terme de build que les autres jeux.
- une atmosphère moins all star que Witcher 2... plus intimiste et tournée vers les plébéiens des royaumes du Nord comme W1.
- Mes choix dans Witcher 1 et 2 ignorés à 85% : Iorveth ? Saskia ? Les filles de Foltest comme Adda et Anaïs qui pourraient mettre leurs grains de sable et que je me suis fait suer à sauver dans les précédents jeux ? Le choix d'avoir tué sois même Jacques d'Aldersberg plutôt que de l'avoir laissé au Roi de la Chasse Sauvage (car techniquement... si le Roi capture d'Aldersberg... il a plus besoin de Ciri) ? Henselt que je pourrais avoir préféré sauver ? Et quelle utilité d'avoir sauver Triss et la réputation des mages dans W2 si Radovid organise une chasse aux sorcière dans W3 ?
Cependant le début de W2 commence de la même manière, sans trop se soucier de notre éventuelle alliance avec les Scoïatel ou la Rose Ardente dans W1.
- Mes équipements de fin du précédent jeux abandonnés (au revoir les armures maudites que j'ai galéré à prendre dans W2 pendant des heures d'artisanats... dont l'armure du fratricide). Je trouve ça d'autant plus étrange que le système de loot de W3 pouvait permettre l'importation de l'équipement très facilement. Et mince... ils avaient fait ça dans W2 ! Pourquoi pas W3 ?
- Une tonalité moins Dark Fantasy que les précédents jeux : Geralt s'est très clairement adoucit dans ce troisième jeux. Tout pousse le joueur à aider ses amis.
Franchement :
Qui accepte de recevoir le salaire de l'Empereur lorsqu'on lui ramène Ciri (alors que Vesemir vient de sacrifier sa vie pour elle) ?
Qui laisse tomber Roche, Ves et Talar lorsque Dijkstra révèle sa trahison ? (Apres les événements des 2 premiers jeux, lquestion ne se pose même pas)
Qui laisse tomber Triss lorsque les chasseurs de Sorcière la font chier ? (après tout ce qu'elle fait pour nous dans W1 et W2)
Qui estime le parti de Cerys comme le moins enviable pour Skellige ?
Il manque à ces choix (les plus importants de la quête principale) un rever de fortune ou d'infortune qui faisaient tout le sel des précédents jeux. Parmi les fins de The Wild Hunt, il y a clairement une mauvaise fin (Ciri morte), une bonne fin (Ciri Sorceleuse) et un entre deux (Ciri Imperatrice). Ca n'est pas de la Dark Fantasy.
Puis il y a des défauts vraiment horripilant qui me rappelle ma dernière ex...
- Cet inventaire catastrophique... (qui s'améliorera avec le extensions). Mais ma critique concerne Wild Hunt... donc oui... inventaire catastrophique. Après celui de W2... c'est presque du foutage de gueule.
- Difficulté parfois étonnante. Vous pourrez exterminer des colonies de Troll en 5 coups d'épée... mais vous faire latter la gueule comme un level 2 lors d'un combat main nue complètement inattendu. (Parce qu'allez savoir... Geralt préfère assommer des clients de taverne qui veulent violer des serveuses mais pour sauver une chèvre, là c'est le carnage dans la faune et la flore de Velen)
- Si Geralt tombe de 3 mètre de haut... il meurt. Il se foule pas la cheville, ne perd pas 25% ou 50% de HP... non il meurt sans autre forme de procès.
- Ablette qui apparaît n'importe où (Même si j'adore ce running gag... il devient lassant à la 500ème itération.).
- Ablette qui s'arrête nette à cause d'un caillou alors qu'on ressentait toute la liberté d'un galop dans les prés ensoleillés dans les faubourgs de Novigrad.
- Ablette qui tourne trop tard.
- Ablette qui tourne pas assez.
- ABLETTE BORDEL !!!!
- Ce boss final... si on peut appeler ça un boss. Eredin est à l'image du dernier quart du jeu : un pétard mouillé.
Dans son déroulement... le jeu commence superbement. Le prologue de Blancherive puis la rencontre avec l'Empereur donne la tonalité.
Puis l'arrivée à Velen... c'est le meilleur moment. On rencontre Keyra Metz, le Baron Sanglant (Henri Strenger... ce personnage restera marquant de sa première scène à sa dernière scène. Un vrai personnage de Dark Fantasy), les sorcières de Torséchine, la première entrée à Novigrad... ma mâchoire s'est décrochée toutes les 5 secondes devant ces dimensions.
Witcher 3 a fait l'exploit d'enfin réussir l'open world de façon macro (c'est très vaste... avec non pas 1... mais 2 villes aux dimensions tout à fait crédible pour des capitale de moyen âge) et de façon micro (des décors d'intérieur détaillés et avec des personnages avec lesquelles converser pendants des heures... et des quêtes secondaires passionantes... avec des PNJ denses qui ont une histoire, un métier, une vie... ils ne sont pas juste là pour dire au joueur "sauve nous de ce loup garou"... non... on sent qu'ils ont une vie pleine de problème et que notre Geralt ne va avoir qu'un impact plus ou moins efficace dans leurs résolutions).
Choses que les Elders Scroll n'arrivaient pas à faire... ou alors n'effectuait que la surface des choses. La narration n'était qu'une excuse pour explorer.
Dans W3... c'est l'exploration qui nous mène vers les histoires qui nous feront explorer encore plus... etc.
CD Project a pris le meilleur de Bethesda, le meilleur de Bioware et le meilleur d'Obsidian... ils ont fait Witcher 3. Un jeu à la démesure de l'ambition... le juste milieu entre le RPG narratif et le RPG open world.
Les centaines d'heure passent... avec la nette impression que les quêtes secondaires sont plus intéressantes que la quête principale, mais on reste au taquet... car on sait qu'en tant que joueur, on tient un là à un jeu qui fera date dans l'histoire.
Puis vient THE MOMENT. La bataille de Kaer Morhen... une tuerie. La première fois que j'ai joué à ce moment, j'avais l'impression de voir mes efforts de W1, W2 et W3 récompensés... un aboutissement sublime.
Puis... comme si le jeu avait atteint son point de fatigue... le dernier quart déçoit. Ellipse. Personnages survolés. Le personnage d'Avalach ne relance pas suffisamment le scénario comme il faudrait. Imlerith, les Sorcière de Torséchine, Caranthir puis Eredin se succèdent de plus en plus péniblement. Et la confrontation finale fait prout. (Qu'il est loin le duel final de Aldersberg ou de Letho... duel rhétorique ET physique).
Un peu comme un super film... rigoureux pendant ses 3 premiers quart... mais qui oublie complètement de finir convenablement. Alors il bâcle.
C'est dommage.
Mais ça serait encore plus dommage de ne pas en profiter.
Et les extensions viendront palier aux défauts de Wild Hunt.