C'est un 10/10. Le jeu a des petits défauts, mais aucun ne m'a empêché de prendre assurément mon pied dans ce RPG déjà culte.
1/ Histoire et Narration
Vous l'avez peut-être entendu dire, mais ce qui rend le jeu exceptionnel, c'est tout d'abord son histoire et sa narration. Il est recommandé de se plonger un peu dans les livres avant de jouer mais on pourrait très bien s'y retrouver sans. J'avais personnellement pu lire les deux premiers tomes de la saga, et c'en était d'autant plus satisfaisant de rencontrer des personnages "en chair et en os".
L'histoire est riche et les événements s’enchaînent tout simplement. Il faut dire que les dialogues sont bien écrits, que les expressions des visages sont stupéfiantes, et que les plans de caméras sont toujours bien choisis, donc le joueur n'est jamais largué. On ne se rend pas à un endroit parce qu'on n'a pas le choix, mais on y va de notre plein gré parce qu'on a envie de connaitre la suite de l'histoire.
L'autre avantage d'avoir des textes bien écrits, c'est qu'on se prend inévitablement d'affection pour les personnages, nombreux, que l'on côtoie, malgré leurs défauts. Que ce soit le Baron Sanglant, Triss, Emhyr, Lambert, Vesemir, etc... les caractères et les motivations sont toujours subtiles, aucun personnage n'est à jeter.
La possibilité d'influencer sérieusement l'évolution de ce monde est aussi la bienvenue, surtout que quels que soient nos choix, cela s'intègre très bien à l'univers du jeu. De plus les décisions n'ont pas toujours des effets immédiats, et si on joue parfois avec les sauvegardes pour tester différentes options dans un dialogue, quand les conséquences se font voir dix, vingt minutes, voire plusieurs heures après le dialogue, il est impossible de revenir en arrière. Et petit à petit on a la sensation que notre partie devient unique.
Il y a néanmoins un point imparfait concernant cette histoire à branches : les romances.
Voyez-vous, c'est que comme Geralt, le joueur est partagé entre Triss et Yennefer. Sauf que, pas de bol pour Yen, on passe assez rapidement beaucoup de temps avec Triss, donc beaucoup de joueurs (dont moi) ont été séduit par elle. Puis ça va être le contraire : on ne verra plus Triss pendant de nombreuses heures, et au contraire on va fréquenter Yennefer à la place. Et là c'est le drame : certains vont se rendre compte qu'ils préféraient cette dernière, mais c'est trop tard. Il n'y a plus aucune possibilité de rompre avec Triss, donc déclarer sa flamme à Yennefer revient à dire que vous voulez dater les deux donzelles, et au final vous finirez tout seul. Petite erreur de game design, il me semble.
Ah, et on aurait souhaité un peu plus d'informations sur la Chasse Sauvage, parce qu'il faut attendre longtemps pour que l'on nous explique qui sont ces mystérieux cavaliers surpuissants (alors que Geralt le sait, le bougre ! Il pourrait faire tourner l'info....)
2/ Quête secondaire et à-côtés
En revanche, ce qu'on disait des quêtes secondaires était vrai : elles sont véritablement toutes intéressantes. Parfois drôles, parfois tristes. Parfois courtes, parfois longues. Elles valent le détour, et on aimerait qu'il y en ait plus !
Néanmoins je suis beaucoup plus sceptique sur les chasses au trésor. En fait : il y en a trop. 6 chasses au trésor par école de sorceleurs ! Surtout que les armes de sorceleurs ne sont pas particulièrement surpuissantes. Bref j'ai fini par laisser tomber.
Au final pour moi le voyage ne fut pas aussi long que prévu : j'ai fini le jeu en un peu moins de 70h, en complétant tous les contrats de sorceleurs et en ratissant tous les points d'intérêts de Velen. J'ai été certes moins complétiste sur Skellige parce que les points d'intérêts sont trop éclatés et difficiles à atteindre, et je n'ai pas fini les chasses au trésor, trop nombreuses et répétitives comme je l'ai déjà dit, mais je vois mal comment l'on peut monter à 100 (ou 200, wtf !). Peut-être en choisissant le dernier niveau de difficulté ? J'avais choisi le troisième. Si j'avais moins flané sur Velen, j'aurais probablement fait entre 50 et 60h.
Bref, un voyage pas aussi long que prévu, mais quel voyage ! Au final je trouve que le jeu a la bonne durée de vie.
3/ Gameplay
Le gameplay est très maitrisé. Les combats parviennent à rester toujours intéressants alors qu'ils sont fondamentalement très simples. On peut se spécialiser dans trois branches, la force brute, la magie, et l'alchimie, mais les améliorations accordées restent assez marginales et le coeur de jeu ne change pas vraiment.
D'ailleurs c'est sans doute ce que je reprocherais un peu au jeu. Beaucoup d'idées sont sous-développées et donc n'apportent pas autant de richesse qu'elles auraient pu. Exemple : l'alchimie. J'ai concocté quasiment toutes les potions, mais au final on ne se sert que d'un nombre très restreints. De même l'artisanat : on peut se faire forger des épées, des armures, etc... en mettant à profit les matières premières préalablement lootées. Sauf que... on a déjà tellement de choix dans les armes, que l'on n'en a pas vraiment besoin. Donc en définitive le loot n'est vraiment pas très utile alors que c'est super bouffe temps. On se retrouve à fouiller la moindre caisse, à détrousser le moindre cadavre, tout ça pour se retrouver surcharger, tout revendre, être richissime et... ne pas savoir quoi faire de son argent.
Enfin une petite mention du Gwyn : il s'agit d'un mini-jeu correct, mais, il faut bien le reconnaitre, le plus hypé de tous les temps. Cela n'a rien d'un vrai jeu de cartes. En bref : les meilleures cartes gagnent les parties pour vous (les "uniques" et rares), et tout se décide au tirage de sa main. Au début du jeu vous allez donc un peu galérer contre les IA, pour finalement leur rouler dessus sans réfléchir une fois que vous aurez rassemblé les meilleures cartes. Intérêt réduit, donc.
4/ Plan Technique
Bon et quelques mots sur le plan technique : tout d'abord, graphiquement, le jeu est absolument superbe. La lumière, l'architecture des villes, la modélisation des visages... tout est stupéfiant, réaliste et fantaisiste à la fois. Quelques cinématiques viennent apporter un peu de grand spectacle quand il le faut (la bataille de Kaer Morhen est à ce titre superbement rythmée).
La musique est bien dans le thème, même si certains airs sont lassants à la longue, notamment les airs de fête en ville. Par contre, bravo à la traduction et aux doublages français. J'ai très tôt dans le jeu abandonné la VO parce que 1/ je n'aimais pas la voix de Geralt en anglais et 2/ je n'avais pas envie de me prendre trop la tête dans l'inventaire, eh bien je ne l'ai pas regretté un seul instant.
L'inventaire est plutôt bien organisé mais reste imparfait. J'envie les joueurs qui auront le droit à la mise à jour apportant des coffres permettant de stocker les objets, ou offrant de ne plus être encombré par les matières premières.
Conclusion
Vous l'aurez compris : the Witcher 3 est un grand jeu, presque parfait, mais surtout indubitablement marquant. Difficile de ne pas se retrouver complètement immergé dans cet univers sombre et beau à la fois et de ne pas être saisi par un sentiment épique quand confronté à un boss redoutable. C'est donc, comme je le disais au début, un 10, et c'est non négociable.