Incroyable ! Je discute jeux vidéo avec des collègues ce midi, je lance un truc à base de "un peu comme les jeux de merde à la Uncharted" à propos de je sais plus quoi et mon petit stagiaire Jean-Mich * qui se la ramène, candide, avec un "mais si c'est un bon jeu Uncharted, qu'est ce que tu as a lui reprocher ?".
Bon, je lui en veux pas personnellement, il a été élevé à Call of Duty et Fifa c'est déjà pas mal qu'il connaisse Uncharted. Mais franchement, il aurait pu me sortir un "mais, la Terre est plate, bien sûr, comment peux-tu penser autrement ?", ça aurait eu le même effet. Par chance, aucune pelle n'était à portée de main, il s'en sort avec seulement 3 jours d'ITT.
Je ne vais pas me lancer dans une liste interminable reprenant point par point les facilités et grossières erreurs de conception d'Uncharted. Ce n'est somme toute qu'un jeu d'aventure-couloir ultrascripté qui n'invente rien, successions d'arènes minables aux décors grandioses, parsemées d'énigmes inoffensives. Un gloubi-boulga de mécaniques de gameplay éprouvées, épurées, simplifiées mis au service d'une histoire affreusement linéaire mais rythmée et mise en scène selon les parangons holywoodiens, ce qui plait à un certain public.
Uncharted plait, c'est un fait. Pour de mauvaises raisons, mais il plait. Et là je dis "Why not !". T'es crevé, tu rentres du taf, tu te mattes ton petit Uncharted comme le dernier épisode de ta série préférée... Bon, faut se farcir les arènes entre deux cinématiques... Tirer sur des têtes cachées derrière les caisses depuis un couvert s'avère naturellement hyper pénible et répétitif. Mais tu acceptes parce que c'est dans le contrat : il faut souffrir pour mériter la cutscene.
L'industrie l'a bien compris; Uncharted, version héritée et simplifiée de Tomb Raider est aujourd'hui le jeu qui inspire les nouveaux Tomb Raider dans un descente aux enfers toujours plus vertigineuse des jeux d'aventure grand public vers un gameplay de plus en plus anecdotique, littéralement laissé pour compte. J'ai tout faux, l'industrie a raison. La preuve, ça se vend par conteneurs. Vive le marketing.
Non franchement, je me moque de ce jeu ou de l'industrie AAA, d'ailleurs j'y ai jamais joué. Ce jeu ne m'intéresse pas (mais comment tu peux écrire un test dessus si t'y a jamais joué gnagnagna.... et là je me dis que si j'avais un canon scié sous la main on pourrait faire des choses merveilleuses ensemble.).
C'est juste triste pour Jean-Mich qui semble avoir du mal à comprendre qu'un jeu ça s'analyse aussi, surtout, par le prisme d'éléments rationnels et non pas seulement sur un éventail de sensations et émotions vécues. On ne peut pas dire "j'ai passé un bon moment, donc c'est un bon jeu", ou alors tous les survival multi et autre battle royale en alpha finis à la pisse sont des jeux géniaux parce qu'on passe des bonnes soirées à se marrer avec ses potes sur des bugs de collision....oh wait.
Mais ne vous inquiétez pas pour lui, je vais le dresser. D'ici 6 mois, il s'enjaillera à scorer sur Getting Over It. Ses yeux ne pleureront plus devant les amoncellements d'assets infâmes en LowRes, ils pleureront devant le génie de Benett Foddy qui a su traiter avec brio la question du déchet logiciel en s'interrogeant sur le processus d'itération. Honnêtement, ce n'est pas mon stagiaire qui m'inquiète... c'est les autres...toute une génération à éduquer, si peu de temps.
- Les prénoms ont étés modifiés