J’ai découvert Watch Dogs après la bataille. On est en 2016, le jeu est sorti depuis 2 ans. J’étais comme tout le monde, à ce moment-là : j’attendais les yeux écarquillés et plein d’espoir un jeu révolutionnaire, à la pointe de la technologie avec un scenario qui, je l’espérais, allais égaler ou dépasser celui de The Last Of Us. J’étais tellement Hypée par la campagne marketing ultra agressive que je me suis même inspirer de ce que devait être le jeu pour mon projet de fin d’année.
Et puis j’ai aussi vécu la chute. A l’image de la communication et du marketing autour du jeu, et avec un lancement record le premier jour, les avis autour du jeu arrivèrent vite, trop vite et trop décevant. Graphismes en deçà des attentes, hacking superficiel gameplay trop similaire à Assassins’ Creed, GTA-like bâclé et conduite lamentable. La communauté se senti spoliée par Ubisoft et beaucoup affirmèrent avoir revendu le jeu après quelques heures d’utilisation seulement. A ce moment-là, pourtant séduite par l’idée d’essayer le jeu pour en avoir le cœur net, mon ordinateur montrait trop de signes de faiblesse pour accepter d’accueillir un tel jeu et je redoutais dépenser 70 euros alors que tout le monde criait à l’arnaque : j’abandonnais l’idée de jouer à ce jeu un jour.
Pewdiepie, que je regardais énormément à l’époque, n’a même pas pris la peine de terminer le jeu.
Tout était dit. Enfin, pas vraiment, non.
2016. Je viens de passer mon examen de fin d’année, un projet axé sur l’hyperconnectivité et les bugs, en gros. Trois ans que j’ai plus de vie et que je parviens avec difficulté à trouver un peu de temps pour jouer. Mais voilà, c’était le rush. Deux mois que je n’ai pas allumé ma PS vita et ma collection de petits indés stagne. J’ai plus de sous et je me sens un peu vide. Alors l’envie me reprend. Vous savez cette envie étrange de perdre sa vie dans un jeu jusqu’à l’écœurement ? Et bien Watchdogs était en promotion, une dizaine d’euros pour tester cet échec critique. Prémices d’une campagne sur-agressive pour Watch_dogs 2 (qui, au passage, ne m’a pas du tout attiré… Un peu trop GTA-like pour moi) ? Bref, Le jeu était installé le jour même.
Bon, pour résumer, j’en suis à 25 heures de jeux, en trois jours. Je pense que j’aime beaucoup ce jeu. On m’avait promis des crash, on m’avait promis un ordinateur en PLS. Sauf que mon PC portable I3, 6go de RAM et Nvidia 840M fait tourner le jeu. Certes, j’ai dû baisser la qualité graphique et mettre la plupart des option en « moyen », à l’exception de la qualité des détails et textures, que j’ai gardé en « High » pour les deux.
J’avais essayé GTA 3, il y a quelques temps, et je ne m’amusais pas. Heureusement alors que Watch Dogs n’est pas un GTA-like. Car ça y est, suffit qu’on puisse voler des voitures et tirer sur la foule pour être dans GTA ? D’abord aucun de ces deux franchises ne se résument pas à ça.
Mais parlons plutôt de mon expérience de jeu. Au début j’étais un peu déçu. Même frustrée. La conduite était insoutenable, elle l’es toujours mais dépend souvent du véhicule. J’ai tout de suite proscrit les véhicules de type « bolide ». Mais le principal problème c’était Aiden. Qui était Aiden ? On m’autorisait à voler, tuer des innocents, pirater les comptes bancaires d’inconnus dans la rue et pourtant ce mec continuait de clamer ses bonnes intentions envers sa sœur. J’étais à deux doigts de quitter définitivement la partie quand l’une des missions me fit changer d’avis pour passer de « jeux frustrant et bizarre » à « le jeu qu’il me fallait ». Je devais pirater le système CTOS. Je n’y arrivais pas. Il y avait de quoi combattre et des gardes à tuer. Mais ce n’était pas la meilleure solution à mon sens. Ce jour-là, j’ai pu choisir de la jouer subtil. J’ai pu choisir de ne tuer personne et de pirater les serveurs en restant dans l’ombre. Et là, j’ai compris. J’avais le choix. J’avais la liberté. C’était à moi de trouver les solutions pour réussir les objectifs. C’est le jeu qui s’adaptait à ce que j’aimais faire et non le contraire. C’était pareil pour Aiden. Je me suis très vite aperçu, via le système de réputation, que mes actes avait des conséquences : devient anarchiste et les habitants de Chicago n’hésiteront pas à te dénoncer à la police. Devient protecteur et les médias loueront tes actions. J’ai commencé à me ranger du côté du « bien », parce qu’au final cela me correspondait plus. J’ai donné un sens à ce que faisait Aiden. Dans mon interprétation de l’histoire, Aiden a trop de pouvoir. Il peut tout faire, tout voir. Il n’a plus notion de ce qu’est le bien ou le mal. Je trouve ça déjà intéressant qu’un jeu me fasse réfléchir sur ce sens moral justement. Il y a par exemple ces petites missions « voyeurs ». J’ai une curiosité exacerbée et je pense que notre attitude sur les réseaux sociaux aujourd’hui fait de nous des voyeurs finalement. Alors au début, tu vois simplement un mec qui tente de dire à une fille qu’il l’aime. La fille ne comprend pas vraiment, le mec se prend un énorme râteau. C’est une situation drôle, ça fait sourire et en plus on peut pirater le compte du mec, histoire de se faire un peu de sous et de gacher un peu plus la soirée du mec. Je recommence dans une autre maison, et là ce n’est plus pareil. Je vois un homme qui est sur le point de se suicider. Il a l’arme dans la bouche, hésite. Et puis il y a toujours cette option « pirater » afin de gagner un peu d’argent. La scène est ultra dérangeante, pas drôle du tout et en plus on agit en profiteur. Ce fut un des moments les plus déstabilisants de ce jeu. Une autre maison. Rien à pirater cette fois. Juste une maman excédée dans la cuisine, qui explose de colère contre ses enfants au moment où la connexion s’interrompt. C’est ça aussi, Watch Dogs, sortir les joueurs de leur zone de confort, sortir du « au nom de la vengeance » et faire réfléchir sur nos actes en jeu et notre manière d’appréhender ce monde hyperconnecté.
Je n’ai pas terminé le monde Histoire. Je n’ai pas fini le premier Acte, j’ai fait beaucoup de petites activités annexes. Mais je dois dire que pour le moment la mise en scène et les personnages sont intéressants. Les flashback glitchés, à la l’image de notre mémoire souvent faillible, ou ce chef un peu joueur, un peu voyou auquel se fie tout de même Aiden.
Il y a toujours quelque chose à faire dans cette ville, éliminer des criminels, se balader en ville, pirater des tours et serveurs CTOS, quelques courses poursuite ou pirater d’autres joueurs. En effet, le mode multijoueur est directement intégré au mode solo. Malheureusement, j’ai trouvé ce mode un peu trop intrusif par moment : quand tu veux aller quelque part en ville et que soudain quelqu’un pirate tes données alors que tu n’avais pas spécialement envie de jouer au chat et à la souris avec quelqu’un d’invisible pour une raison inconnue.
Le hacking est au cœur du gameplay mais s’associe très bien avec l’usage d’armes ou avec l’infiltration. C’est un élément sur lequel il faut constamment compter et demande parfois un peu de réflexion et d’observation pour être utilisé. J’ai très rapidement pris les commandes en main, jouant souris-clavier. Je regrette simplement la sélection des armes qui se fait avec la molette (parfois on se trompe d’arme et quand on doit être rapide, ça peut poser problème) et la roue de sélection qui est vraiment trop fastidieuse à utiliser et qui, là aussi, fait plus perdre du temps qu’autre chose.
Chicago est vivante ! Tout est dans les détails : des discussions entre passants, des rappeurs et chanteurs improvisé, un homme volant un portefeuille ou des sirènes de pompiers dans la rue d’à côté. L’architecture des missions comme de la ville est très réussi. J’ai adoré me balader en ville. Les gens réagissent lorsqu’ils voient quelque chose, un homme blessé, un accident etc…
Après avoir joué à Assassins’ Creed, j’avais peur que l’IA soit aussi déplorable. Mais ce fut une bonne surprise. Les policiers sont coriaces et les combats sont haletants. Les ennemis n’attendent pas leur tour et sauf dans de rares cas font en sorte de mettre le joueur en difficulté. Les ennemis ont d’ailleurs plusieurs niveaux de compétences et réagiront de manière différentes en fonction de ces caractéristiques : vétérans, tueurs, peut appeler des renforts etc.
Le jeu est parfois difficile. Il faut souvent s’y reprendre plusieurs fois pour réussir une mission. Mais le jeu n’est pas punitif (vous réapparaissez très rapidement) et la réussite n’en est que plus belle. Cependant je trouve que les courses poursuites sont trop compliquées, car la conduite es demande beaucoup de dextérité et il n’est pas évident de se concentrer sur autre chose (comme la neutralisation des ennemis), quand vous roulez sur une patinoire.
En bref, je ne comprends pas d’où vient ce bashing autour du jeu. Je l’ai trouvé crédible, ancré dans la réalité (CTOS = Google ????) et surtout j’y ai pris mon pied en tant que joueuse. Vous pouvez très simplement le dégoter pour une dizaine d’euros sur plateforme PC et pour peu que vous ayez une machine moderne vous pourrez le faire tourner. Allez-y, foncez !
8/10
Les +
Chicago vivante
Plusieurs moyens d’atteindre les objectifs
Les décors
La durée de vie
Réflexions sur l’hyperconnectivité
Les –
La conduite
Mode multijoueur parfois intrusif
Difficulté parfois inégale