Énième expérience narrative dans un paysage vidéoludique qui n’en manque plus, what remains of Edith Finch parvient à se démarquer, et ce avec brio. Fable sur l’existence, elle nous propose de vivre, ou plutôt revivre les derniers instants de vie de toute la filiation Finch, une famille pour le moins spéciale et visiblement pas destinée à gagner à l’euro millions. Sans rapport particulier entre elles, si ce n’est leur dimension tragique, les histoires des différents membres, pas toutes égales en qualité, parviennent néanmoins à nous toucher et nous surprendre jusqu’au bout.
Car si l’expérience se révèle courte, elle n’en est pas moins intense, se renouvelant sans cesse avec de nouvelles idées aussi géniales qu’originales. Dénuée de tout artifice visant à rallonger la durée de vie, le jeu donne une véritable leçon de story telling et se place indéniablement comme un exemple à suivre pour le genre. Si l’on fouille les recoins de la demeure des Finch à la recherche des petits détails, ce n’est pas parce que le jeu nous l’impose, mais parce que la direction artistique, très inspirée, nous y invite constamment. Grace à cela et un level design ingénieux, la linéarité n’est jamais gênante, et à l’image de cette idée d’insérer les sous titres de manière artistique et pratique directement dans l’aventure, devient même une force.
Là ou d’autres titres nous inondent de choix souvent factices pour nous immerger dans l’histoire, où d’autres nous contraignent à des actions contextuelles sans intérêt pour nous garder en éveil, Edith Finch évite ces écueils et parvient à atteindre la symbiose tant convoitée par la concurrence : la juste conciliation du gameplay et de la narration. Pourquoi avoir choisi le jeu vidéo plutôt qu’un autre média pour raconter son histoire ? Une question que l’on ne posera pas cette fois puisque l’aventure n’aurait pu être vécue autrement. L’exemple le plus parlant est l’histoire de Lewis, jeune homme lunaire qui se réfugie dans ses rêves pour échapper à l’ennui de son travail d’ouvrier. Manette en main, le joueur répète une action monotone digne d’un travail à la chaine tandis que le jeu déroule simultanément son histoire onirique, la métaphore est implacable.
Parvenir à créer de l’empathie et de l’intérêt pour des personnages que l’on ne croisent jamais réellement, voilà le tour de force du studio Giant Sparrow. Soutenu par une belle composition signée Jeff Russo, le jeu ne tombe pas dans le pathos malgré son côté voyage au cœur du mausolée familiale. Une écriture à la fois douce et glauque, oscillant entre le fantastique et le réel, et sachant se faire discrète pour laisser place à son pouvoir d’évocation. Au bout du compte que restera-t-il de nous une fois la faucheuse passée ? Comment se souviendra-t-on de nous ? Impossible de le savoir mais espérons pour l’heure que l’héritage de What Remains of edith Finch soit perpétué.