Voila un truc que les jeunes d'aujourd'hui qui commencent tout juste leur collection de jeux vidéo ne connaitront pas : l'âge d'or des jeux de plate-forme en 3D. Mario, Spyro, Donkey Kong, Banjo Kazooie, tant de noms qui évoquent aux plus vieux d'entre nous de nombreuses heures à parcourir des mondes immenses à la recherche d'étoiles, de dragons ou autres bananes (personne n'a dit que c'était l'âge d'or de la vanne...)
Alors forcément, quand une partie de l'ancienne équipe responsable de certains de ces méfaits lance un Kickstarter avec la promesse d'un nouvel eldorado, nombre de plus-si-jeunes voient des étoiles s'allumer dans leurs petits yeux et attendent impatiemment cette madeleine de Proust comme les Petits Écoliers du goûter. Ce futur paradis s'appellera Yooka-Laylee. Malheureusement, la magie a quitté nos yeux d'enfants et a emporté avec elle notre filtre à atténuer les défauts...
Commençons par le commencement : Yooka-Laylee tient ses promesses. On nous annonçait un univers riche et coloré, un gameplay aux petits oignons avec des énigmes diverses et variées et une bonne durée de vie, le contrat est rempli. Pour aller plus loin : on retrouve véritablement ce qui faisait la patte des jeux Rare (pour ne citer qu'eux) : une progression régulière, rythmée par l'obtention des nouvelles techniques, des puzzles bien intégrés au jeu et qui contenteront tout les goûts et un humour loufoque omniprésent.
Le véritable problème de Yooka-Laylee vient du fait que chacun de ces points forts est accompagné d'un point faible. Pire ! Certains de ces défauts sont sans doute ce qui ont mis fin à l'hégémonie du genre voila 15 ans. La caméra qui suit nos deux héros est par exemple totalement catastrophique, tournant souvent sans raison et choisissant toujours le mauvais angle lorsque cela est possible. Quant à l'absence de lock, autant dire que l'erreur est impardonnable, quand ses ainées de la Nintendo 64 avaient, eux, cette fonction... Côté gameplay, s'il n'est déjà pas aidé par la caméra, il pèche surtout par une rigidité quasi millimétrique, rendant certaines phases (mini jeux en tête), ahurissantes de difficulté et hautement frustrantes. Difficulté qui n'est d'ailleurs pas représentative du reste du jeu, assez simple dans l'ensemble. On a donc le sentiment d'arriver à des pics abrupts sans raison et d'une injustice presque placée là pour ralentir la progression du joueur, quand on aurait préféré une difficulté plus progressive et moins punitive. Enfin, pour ce qui est de l'univers, même s'il reste globalement mignon et chatoyant, il n'échappe pas aux clichés du genre (aussi bien dans les mondes : glacier, casino, jungle... que dans ses personnages) et l'humour est malheureusement trop souvent au ras des pâquerettes. Seul point positif à sauver : tous les petits clins d’œils à la pop culture qui auront vite fait de faire sourire, là encore, les habitués du genre.
Au final, ce Yooka-Laylee tant attendu est donc en demi-teinte. D'un côté, le plaisir de retrouver du vrai jeu de plate-forme en 3D séduit indubitablement, de l'autre, son exécution parfois carrément ratée frustre et ne parvient pas à raviver nos merveilleux souvenirs d'enfance. Souvenirs qui, s'ils restent intacts, sont donc définitivement derrière nous, sans espoir d'un renouveau...