Jouer la carte de la nostalgie, c’est presque trop facile. A tous les coups, ça marche. «Regardez mes jolis pixels, toutes ces couleurs, on s’est inspiré de tel ou tel jeu pré-2000, on est des vrais, on connaît le JEU VIDEO, l’authentique.» Et parfois, certains arrivent en disant simplement: «nous, on a fait Banjo-Kazooie, voici sa suite spirituelle, vous en voulez?»
C’est grosso modo ce qu’il s’est passé pour Yooka-Laylee, lorsque les petits gars de Playtonic Games ont lancé leur Kickstarter voilà un an et demi. L’histoire débute en 2012 lorsque d’anciens employés de Rare (Goldeneye, Perfect Dark, Banjo-Kazooie, Donkey Kong Country) se réunissent sous le pseudo Mingy Jongo (un boss de Banjo-Tooie) pour travailler sur Project Ukulele, le successeur de Banjo-Kazooie. Menée par Chris Sutherland (voix de Banjo et de Kazooie), la bande d’anciens de Rare fonde Playtonic Games et annonce qu’un projet Kickstarter sera lancé le 1er mai 2015. Quand arrive le jour du début de la campagne de financement, le premier palier de 175 000 livres est atteint en 38 minutes et le plus haut objectif, celui à 1 million de livres, en 21 heures. Un record absolu, Playtonic finira par engranger 2 millions pour son projet, qui sort sur tous les supports actuels, y compris la Switch. Cet incroyable succès lors du financement permet à Playtonic Games de nourrir de grandes ambitions sans oublier l’essentiel : un jeu à l’ancienne mais adapté aux joueurs d’aujourd’hui.
Toi qui me lis, bravo à toi déjà, j’ai un message pour toi. Tu as aimé Banjo-Kazooie ou Donkey Kong Country? Pour toi, Nintendo 64 est synonyme de bonheur ? Cette console reste à tes yeux la dernière de qualité qui soit sortie? Eh bien, j’ai de la bonne came pour toi. Yooka-Laylee, à qui il ne manque que la cartouche pour qu’on le croit récupéré d’un grenier sent bon les années 90, le SiroNimo à portée de mains, quelques Yes à grignoter et les 4 francs restant après avoir acheté le pain. C’est parti, on démarre le jeu : Yooka, un caméléon un peu flemmard et Laylee, une chauve-souris violette et espiègle trouvent un livre magique. Mais avant même de pouvoir ouvrir le bouquin, il s’envole, aspiré par une machine géante provenant de l’usine de Capital B, une abeille chef d’entreprise machiavélique. Son plan est en effet de voler toute la littérature du monde pour nourrir son livre unique qui lui permettra de régner sur tout l’univers. Yooka et Laylee partent donc en quête de leur livre et pénètrent Hivory Towers, ou la Ruche, le quartier général de Capital B.
Seek and destroy
La prise en main de Yooka et Laylee ne demande que quelques instants. Yooka, qui fait le plus gros du boulot, court, saute, tournoie pour se débarrasser de ses ennemis tandis que Laylee crache des ultrasons qui activent des boutons ou peut porter Yooka afin de planer dans les airs durant un temps limité. On pense également au double saut, un basique des jeux de plates-formes. Avec l’aide de Trowzer, le duo apprendra de nouvelles techniques, comme le sprint en boule, l’absorption d’éléments du décor pour se protéger ou les recracher (des boules de feu ou des boulets de canon qui rendent invincibles), l’écrasement après un saut, etc. Ces techniques seront parfois données et parfois payantes, quand elles sont optionnelles.
Tout dans Yooka-Laylee transpire les années 90 et les jeux Nintendo 64 de l’époque, surtout le trio DK Country, Banjo-Kazooie et Super Mario 64. La Ruche est en fait un Hub qui contient des portes (ici des livres géants) vers des mondes à découvrir, on ne ramasse pas des étoiles mais des Pagies, des parties du livre magique tant convoité par Capital B et les pièces sont remplacées par des plumes. L’agencement et la construction des niveaux ressemblent également fortement à ce qui se faisait dans le temps. Chaque monde peut d’ailleurs être agrandi considérablement moyennant quelques pagies. Pour varier les plaisirs, les accès aux autres univers se débloquent assez rapidement, car certaines pagies et zones cachées demandent certaines compétences.
Années 90 jusqu'aux défauts
Pour rester dans l’ancien, les dialogues sont écrits et chaque protagoniste a son propre style de son pour s’exprimer, ce qui donne des dialogues avec 3 ou 4 interlocuteurs assez originaux. Le jeu se voulant accessible à tous les joueurs, il demeure assez facile au niveau de ses énigmes et passages demandant un peu de réflexion. Les mêmes PNJ et défis se retrouvent d’un monde à l’autre : un mini-jeu avec Rextro, un Dinosaure pixelisé venu du passé, Vendi, qui octroie des avantages permanent selon son XP ou encore Clara, un squelette. Les PNJ proposent une quête secondaire rapportant une pagie, cela va d’un nettoyage de zone à une course ou bien une énigme à résoudre.
Coloré, vaste, facile d’accès, Yooka-Laylee invite à la découverte on reconnaît la patte de Rare, que ce soit dans la bande-sonore, le level design ou bien son ambiance. Toutefois, on retrouve même les défauts de l’époque. La caméra est la plupart du temps mal placée, que ce soit trop basse, trop haute ou ne tournant pas assez rapidement. Le jeu est dans son ensemble assez facile et malgré sa durée de vie colossale, on peut ressentir un petit sentiment de répétitivité si l’on joue un peu trop longtemps. Sur notre version, la maniabilité n’était pas parfaite, la manette pas reconnue au premier coup et impossible de personnaliser les touches du clavier. Entièrement localisé, nous n’avons relevé qu’une seule faute de français, c’est du tout bon, comme Jacques.
Yooka-Laylee joue sur notre corde sensible avec brio, tout est nostalgique, agréable et réellement divertissant. On a simplement l’impression d’être devant un jeu sorti il y a 20 ans mais actualisé au niveau de ses graphismes. Avec un multijoueur et des ajouts à venir, Yooka-Laylee mérite d’être sous le feu des projecteurs et on en redemande.