Livres lus en 2016 (avec commentaires)
Mes livres lus en 2016.
Just to remember...
Et puis des commentaires.
Parce qu'à la lecture, on a tout plein de sensations et de réflexions bizarres.
Avec des choses personnelles qui ont résonné (ou pas).
Autant s'en rappeler pour plus tard avant que les impressions ...
17 livres
créée il y a presque 9 ans · modifiée il y a presque 8 ansL'Homme des jeux (1988)
La Culture, tome 2
The Player of Games
Sortie : 1992 (France). Roman, Science-fiction
livre de Iain M. Banks
juliendumas33 a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
On dit Tome 2 mais pas vraiment, car ce "Cycle de la Culture" présente (au moins dans ses 4 premiers tomes) des récits complètement indépendants.
C'est remarquablement écrit et encore plus fort, c'est remarquablement pensé.
La Culture et l'Empire sont deux visions de sociétés diamétralement opposées, pas toujours crédibles à mon sens, mais terriblement excitantes.
J'ai toujours été admiratif des auteurs de SF pour leur capacité à créer des univers cohérents et ambitieux. Et dans le genre, la Culture plante la barre très très haut.
Le parcours de Gurgeh, tantôt candide découvrant comme nous l'Empire, tantôt génial explorant un complexe jeu de pouvoir, déploie des motifs et une inventivité assez rare.
Alors c'est vrai, Gurgeh n'est pas d'un charisme fou, mais c'est encore mieux comme ça. Il est suffisamment poreux pour nous permettre de ressentir cet émerveillement, cette excitation et surtout, cette attirance pour le côté obscur de l'âme humaine que l'on expérimente avec lui face au fascisme de l'Empire.
La SF peut faire réfléchir, c'est même à ça qu'on sait que c'est de la bonne...
Ajoutez à cela que Ian M. Banks a un sens très aïgu de la narration, et vous avez une année qui commence plutôt bien.
Les Trois Roses jaunes
Sortie : mars 1999 (France). Recueil de nouvelles
livre de Raymond Carver
juliendumas33 a mis 6/10.
Annotation :
Recueil d'une petite dizaine de nouvelles capturant de petits moments souvent intimes, parfois tristes, mais toujours chargés d'une assez incroyable charge.
Fascinant la puissance toute en retenue que Carver arrive à mettre dans ces mini-événements de la vie si courante: déménagement, séparation, peurs diverses, mort.
Style, personnages, dialogues, précision, tout en maitrise Carver déploie ses historiettes tout en touché.
Alors pourquoi il met que 6 le con ?
Et bien parce que comme souvent dans les nouvelles de ce type, je trouve l'exercice un peu vain. Il me manque un but, voire simplement une direction, voire juste du sens.
Parce qu'au fond, si je veux du réel, et ben je me mets en terrasse avec un bon café et puis je mate les gens.
Du coup, la réussite ne vient pratiquement que de la projection que l'on peut faire sur les événements de ces histoires, en fonction de sa vie personnelle.
Le touché d'un très grand pianiste qui me ferait écouter ses exercices de gammes en quelques sortes...
Seul sur Mars (2012)
The Martian
The Martian
Sortie : 19 septembre 2014 (France). Roman, Science-fiction
livre de Andy Weir
juliendumas33 a mis 7/10.
Annotation :
Premier roman d'un Andy Weir directement propulsé en best-seller par l'adaptation ciné de rien-de-moins que Mr Ridley Scott.
Alors qu'est-ce-qu'on fait: on lit le livre, on va voir le film ?
Les deux mon général ! (Reste à trouver l'ordre)
Bizarre, mais j'ai trouvé des gros défauts aux deux, des grosses qualités aussi, mais pas les mêmes.... Je m'explique.
Je n'ai ressenti (c'est personnel, ne me jetez pas de caillou martien) aucune tension dramatique sur le périple de Mark Watney au cinéma. Par contre, dans le livre, beaucoup plus.
Le livre regorge de tag-lines, de blagues, d'humour. Et ça fonctionne super bien. D'une part parce que Weir est drôle (ça doit aider) mais aussi parce qu'on sent beaucoup plus la solitude du personnage que dans le film. Et c'est bien connu, quand on est tout seul, on se permet beaucoup plus de choses. Dans le film, ça faisait dangereusement gadget, et du coup Matt Damon passait pour un surhomme qui se la pétait.
Dernier point, j'ai eu du mal, dans le film comme dans le livre, avec la narration partagé (PoV de Watney, Equipe de la Nasa, Equipage Hermes). J'ai eu l'impression que le concept de base aurait pu être bien plus fort sans faire le compromis de donner des contrepoints à l'histoire.
Par contre, il faut bien avouer que ce que le livre perd en force et en concept, il le gagne en confort. Parce que ça se dévore littéralement. Enfin pour peu que vous ne soyez pas rebuté par les démonstrations scientifiques excessives (Weir est très pointu: ça rajoute en crédibilité à l'histoire mais ça peut faire un peu cours de science).
S'il te plait Monsieur Sens Critique, rajoute la possibilité d'affiner la note que je puisse lui mettre un 6.5 à ce Martien...
La Conjuration des imbéciles (1964)
Confederacy of Dunces
Sortie : 1981 (France). Roman
livre de John Kennedy Toole
juliendumas33 a mis 6/10.
Annotation :
Prix Pulitzer 1981 à titre posthume alors que ce brave John Kennedy Toole se suicida à 32 ans car il se prenait pour un écrivain raté, cette Conjuration des imbéciles porte tout un côté décalé vis à vis de la société particulièrement raccord avec l'histoire de son héros.
Ignatius, puisque c'est de ce gros type dont il s'agit, est une sorte de Don Quichotte version dégueulasse, qui pue qui pète, qui se prend pour une grosse tête. Cet inadapté va se cogner au monde, à une société injuste, à une mère bête à bouffer du foin, et à un hasard qui ne fait pas toujours bien les choses.
Je m'attendais à trouver un philanthrope génial et pédant, je m'attendais à me régaler de la méchanceté d'un type supérieur et sans limite, je me suis retrouvé face à un immense gamin irrespectueux et égocentré. Moins drôle mais plus touchant.
Quelques longueurs, des dialogues... particuliers dirons nous (ils reprennent les tics de langage du parlé de la Nouvelle Orléans des années 50), mais un tout très cohérent et un Ignatus auquel on repense de temps en temps après la lecture, comme un mec bizarre qu'on aurait connu il y a longtemps.
Le Messie de Dune (1969)
Le Cycle de Dune, tome 2
Dune Messiah
Sortie : 1972 (France). Roman, Science-fiction
livre de Frank Herbert
juliendumas33 a mis 7/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Je m'étais bien dit que je retournerais faire un petit tour sur Dune un de ces quatre. Et bien voilà c'est fait.
J'ai retrouvé Paul un peu (même franchement) tracassé par l'usure du Pouvoir, les gens qui l'idolâtrent, son Jihad, tout ça tout ça... Alors il se pose tout un tas de question, l'Usul:
Qui suis-je ?
Quand cours-je ?
Dans quel état de sable siège-je ?
Bref il est tout chiffon notre Empereur. Au point que ça en devient presque lourd. Il n'y a plus ce souffle épique et cette quête initiatique. Moins de dépaysement. Moins d'histoire. Mais pas moins d'enjeux. Parce que ce qui se joue dans ce tome est presque plus important pour le cycle de Dune que l'avènement de Paul. C'est le défaut principal du Livre, à mon humble avis. On ne perçoit pas assez, et c'est précisément dû au fait d'être trop centré sur les états d'âme de Paul, l'importance de la géopolitique du pouvoir. Herbert avait tout ce qu'il fallait pour mieux nous faire soupeser les nouvelles forces en présences, les jeux d'alliances, les manigances des grandes familles, etc. Déjà que déboulonner un Empereur c'est coton, alors un Empereur qui voit l'avenir, je vous dis pas. D'autant plus qu'entre un monarque éclairé et un dictateur, la frontière peut être fine.Herbert avait l'occasion de nous raconter une histoire, pas seulement de nous laisser suivre Paul.
Bon après il faut que j'arrête de me titiller le ver des sables, ça reste un putain de plaisir de lire Dune. L'univers est toujours tellement riche que ça en donne le vertige, et puis de toutes façons, de la SF aussi bonne cela reste (très) rare.
Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur (1960)
To Kill a Mockingbird
Sortie : 1961 (France). Roman
livre de Harper Lee
juliendumas33 a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
(Lu en VO)
Je ne sais pas si j'ai réellement un penchant pout les récits initiatiques ou si les ouvrages que je croise au hasard de ma route sont simplement marqués par le talent de leur auteur(e).
Peu importe en fait.
C'est juste, c'est frais, c'est touchant. C'est surtout d'une pureté, d'une sincérité dans l'écriture qui touche en plein dans le mille. Oui, tu sais, là ou palpitait il y a pas si longtemps que ça ton petit coeur de gamin de 10 ans. Ben Pif ! En plein dedans !
En plus, ce qui est fort, c'est que l'initiation, l'enseignement des valeurs, l'éducation, sont des thèmes terriblement modernes.
A tel point que tous les esprits étroits pleurant sur les adoptions monoparentales, une jolie bible sur le coeur, devraient lire ce livre.
Ce n'est qu'une fiction, entend-je ? En bien je m'en fous répond-je. Je m'en fous parce que Harper Lee a été élevé par son Atticus.
Alors quand je lis ce livre, je me dis juste que le peu que je connais d'elle vaut déjà tellement plus que ces donneurs de leçons à l'ostie ramollie.
Merci Harper, Merci Truman, et surtout... Merci Atticus...
Miserere (2008)
Sortie : septembre 2008. Roman
livre de Jean-Christophe Grangé
juliendumas33 a mis 5/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Un Jean-Christophe Grangé en mode "pilote automatique" pour cette enquête dont la quatrième de couverture nous enlève déjà tout le suspense déjà poussivement introduit par l'auteur.
Grangé, comme Chatham, a ses fans. Depuis le Vol des cigognes et les Rivières Pourpres, le pépère ne se contenterait-il pas de faire le job ?
Les 2 flics sont presque caricaturaux. L'intrigue est correcte mais la tension ne peut jamais s'appuyer sur un mal "charismatique": c'est pas 6 gamins et un vieux fils de Nazis qui vont nous mettre les poils quand même si ?
Au vu des notes SC, cela ne dérange peut-être que moi mais en tant que fan de Polars, il m'en faut plus.
(Et je précise que je n'ai rien contre les faiseurs).
Gagner la guerre (2009)
Sortie : février 2009. Roman, Fantasy
livre de Jean-Philippe Jaworski
juliendumas33 a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
On peut parfois (rarement ?) arriver à la fin d'un livre de 1000 pages et se dire qu'on aimerait bien n'en être qu'au milieu.
Don Gesufal Benvenuto est un homme de main. Un assassin rompu aux coups tordus et aux basses conspirations.
Mais attention, pas les petites combines branlantes de cours d'école hein ? Non non. Là, on parle d'un genre de conspirations qui te ferait passer Game of Thrones pour une partie de Uno.
Des vrais de trucs de politiciens bien vicieux, tellement tordus que notre sbire se retrouve bien vite balloté comme un néné de Nabila dans des galères plus mortelles les unes que les autres.
Et nous avec, parce que JPJ nous conte tout cela à la 1ère personne et nous embarque du coup avec son héros et son langage fleuri.
C'est de la vraie Aventure. Avec un grand A. Un truc un peu à la Dumas père. En un peu moins maitrisé, mais avec des magiciens, des esprits et des elfes bâtards (!?!). Si si...
Alors il ya bien quelques longueurs mais qu'est ce que ça fait plaisir de s'embarquer sur une épopée ambitieuse et surtout pas lourde (suivez mon regard).
En tout cas, l'ami Jean-Philippe, la guerre je sais pas, mais le pari, il l'a largement gagné le petit paltoquet !!
Le ParK
Sortie : 2010 (France). Roman
livre de Bruce Bégout
juliendumas33 a mis 6/10.
Annotation :
C'est court, mais dru. C'est concept. C'est le Park.
C'est un complexe complexe en quelques sortes.
Pas d'histoire, pas de récit. Juste une série de considérations un peu nébuleuse sur un parc d'attraction d'un nouveau genre.
Déstabilisant à la lecture, pas inintéressant dans les concepts qu'il développe, le Park est une vue de l'esprit.
Ca manque de corps mais c'est tout le but de la chose.
On est dans le concept on vous dit.
Le Livre des illusions (2002)
The Book of Illusions
Sortie : 20 avril 2002 (France). Roman
livre de Paul Auster
juliendumas33 a mis 7/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Attention, livre à ne pas mettre entre toutes les mains... Surtout s'il s'agit de mains de dépressifs chroniques barbiturés au Xanax et autre TranXene.
Voilà ce que j'ai longtemps pensé en préambule de mon bouquinage. D'ailleurs, je pense sincèrement que la lecture de la 4ème de couverture est susceptible, à elle seule, de transmuter le Taz en Droopy, le Bruno Mars en Leonard Cohen, l'Omar Sy en Michel Houellebecq, etc etc.
Pensez donc: un professeur de littérature perd toute sa famille dans un crash d'avion, il s'aliène la tête à grands coups de films muets des années 20 avant de découvrir la vie encore plus triste de leur réalisateur. Le tout entre deux litres de larmes et trois de whisky bien sûr...
Dit comme ça, c'est vrai, ça donne pas envie.
Mais Paul Auster ne veut pas nous faire pleurer. Et non... Lui, le fourbe, il veut nous faire réfléchir. Sur la volatilité de la vie, la perte des choses qui finissent par nous posséder, l'instantanéité du bonheur, bref le sens de la vie en quelque sorte...
Tout en finesse, on redécouvre avec David ce qui donne du gout à l'existence. Dans la recherche tâtonnante de ce veuf brisé ballotté par le destin, on se surprend à considérer les choses de la vie avec une perspective différente. Un recul sur le chemin et le voyage.
Des illusions ?
Des images qui s'effacent les une après les autres ?
Peut-être.
Qu'est-ce que cela peut faire si elles sont belles.
Les Liaisons dangereuses (1782)
Sortie : 1782 (France). Roman
livre de Choderlos de Laclos
juliendumas33 a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
Je n'ai jamais vraiment su si on devait dire (CHO)derlos ou (KO)derlos de Laclos.
Par contre, ce que j'ai su très tôt, c'est que le raffinement et la perversité des Liaisons allaient me plaire.
Au cinéma d'abord, le film de Stephen Frears m'avait bien attrapé, mais à la lecture, force est de reconnaitre que le bougre de Laclos atteint un tout autre niveau. A tel point que je n'ai pas pu revoir le film sans me sentir frustré: il faut voir comme la cruauté de la rupture de Valmont avec Mme de Tourvel est belle et magnifiquement tournée par la Marquise de Merteuil pour ressentir tout ce qu'il manque dans la (pourtant magnifique) scène du film.
Rarement le fond a autant été en phase avec la forme dans un roman. Les confessions, les attaques, les manipulations, les leçons de morale... Quel cadre parfaitement raccord avec l'écriture de lettres ! Le lecteur est un voyeur, redoublant la perversité du propos par sa position.
Alors petit bémol quand même, ça ne se lit pas comme un roman de gare, et il ne faut pas cacher qu'il y a quelques petites longueurs au milieu du gué.
Mais alors quel final ! Quelle leçon !
Pfff et je n'ai même pas parlé des personnages... Quel béotien ...
Le Chuchoteur (2009)
Il Suggeritore
Sortie : 5 mai 2010 (France). Roman
livre de Donato Carrisi
juliendumas33 a mis 6/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Alors comme ça, les italiens ne se contentent pas de jouer au foot et de parler (fort) en agitant les mains ?
Ils écrivent des Polars aussi ?
Comment ? Vous trouvez cette remarque clichée et presque caricaturale ?
Ben vous savez quoi, c'est Donato qui a commencé, d'abord.
C'est pas compliqué, tous ses personnages sont d'une originalité proche d'une émission d'Arthur:
- Le profiler torturé mais qu'est trop intelligent mais quand même qu'est trop torturé.
- La flic qu'est torturée et qui se scarifie tellement qu'elle est torturée mais qu'en fait... c'est parque elle a été torturée quand elle était petite... donc c'est normal qu'elle soit torturée.
- L'inspecteur Chef/Commissaire qu'est pas très très gentil avec son équipe dont les gentils sont pas si gentils que ça et donc que la flic torturée elle va de surprise en surprise en se torturant un peu plus du coup.
Bref, c'est du vu et revu.
Par contre, on peut reconnaitre à Donato le fait que son histoire (et son méchant) tiennent la route. Le rythme est plutôt bon, le style est correct. Quelques ficelles ressemblent à des poteaux télégraphiques mais ça se lit bien et le final est plutôt bien amené.
Pas de quoi casser 3 pattes à un canard mais après tout, si le palmipède est Italien, il simulera bien une blessure grave et tout le monde sera content...
La Chute d'Hypérion (1990)
Les Cantos d'Hypérion, tome 2
The Fall of Hyperion
Sortie : 1992 (France). Roman, Science-fiction
livre de Dan Simmons
juliendumas33 a mis 7/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Retour sur Hypérion pour la suite et la conclusion (pour l'instant) de l'aventure de nos 7 pèlerins.
Chacun va rencontrer le Gritche, ce mystérieux croquemitaine crochu dont la terreur va influencer leur vie et l'avenir de l'humanité toute entière.
Rien que ça, Danny ?
Oui, rien que ça. Mais c'est justement cela qui est si excitant à la lecture. Rarement on a pu prendre autant de recul sur le futur de l'Homme avec un H majuscule. On a eu l'habitude au fil de nos lectures de suivre différents quidams dans l'espace ou au beau milieu de sociétés futuristes. Ici, la globalité de la vision de l'auteur donne le vertige, les lignes futures sont tracées très loin et très tard. La perception de l'évolution de la Vie au sens large est passionnante. Et comme si cela n'était pas assez compliqué pour lui, Simmons a décidé de mélanger tout ça dans un Shaker temporel géant.
D'ailleurs, en parlant de temps, je déconseille au lecteur de laisser trop de temps et d'oubli s'installer entre la lecture de ces deux tomes. La Hard SF de Simmons est touffue et nécessite un temps d'adaptation. Comme pour un autre cycle, celui de Dune, il est préférable de compléter l'aventure dans un même élan.
Mais cela en vaut la peine. L'histoire est passionnante, les personnages toujours aussi bien construits. Le lecteur est souvent perdu dans les limbes du temps et de l'espace mais l'important, c'est que Simmons ne s'y perde pas, lui.
Ce premier cycle d'Hypérion est une vraie réussite et même si l'auteur se laisse parfois emporter sur des terrains métaphysique un peu moins prenants, le tout reste extrêmement cohérent et franchement réussi.
Le Procès (1925)
(traduction Alexandre Vialatte)
Der Prozess
Sortie : 1933 (France). Roman
livre de Franz Kafka
juliendumas33 a mis 6/10 et a écrit une critique.
Annotation :
L'homme écrasé par ses propres rouages, la métaphore de la vie, la société aliénante, le sens de nos existences... bla bla bla...
Tous ceux qui se sont penché un jour sur ce grand classique de la littérature se sont nécessairement aussi fait rabattre les oreilles par toute la profondeur du propos de Kafka.
Et alors ?
Difficile de ne pas être fan du style Kafka. Le bonhomme a la plume qui dégouline de classe et de maitrise. Mais à la différence de certains de ses romans précédents comme la Métamorphose qui m'avait emballé, le postulat n'est jamais au centre de son histoire. D'ailleurs, son histoire elle même n'est jamais au centre de son roman, tellement la construction de celui-ci est particulière. Le lecteur est balloté de chapitre en chapitre, presque discontinus chronologiquement, et suivant des niveaux de déconnection avec la réalité à géométrie variable.
Bref, un joyeux foutoir pour le lecteur.
J'avoue, je me suis perdu quelquefois. Au point de me demander quelle analyse on pouvait faire de tel ou tel passage au lieu de ressentir l'écrasante situation du personnage principal. Ou de me projeter sur une situation si angoissante.
C'est quand même pas anodin de se projeter plus facilement sur la transformation d'un homme en cafard géant que sur le cas d'un banquier accusé potentiellement à tort d'un crime inconnu.
Loin de moi l'idée de m'ériger en juge plénipotentiaire de ce Procès, je me déclare par contre pleinement coupable de ne pas l'avoir apprécié au delà du raisonnable.
Le Grand Nulle Part (1988)
The Big Nowhere
Sortie : 1989 (France). Roman
livre de James Ellroy
juliendumas33 a mis 6/10.
Annotation :
Diantre que c'est dense...
La précision et la richesse de la texture sociale, la qualité de la reconstitution, la foultitude de personnages chacun inscrit de manière crédible dans son milieu, tout ça, tout ça...
Oui, bien sûr...
Personne ne va prétendre que Ellroy ne sait pas écrire (en tout cas pas moi), personne ne niera l'incroyable tableau des années 50 que nous balance J.E. (en tout cas pas moi non plus), et personne n'osera prétendre que la lecture n'est pas passionnante de bout en bout (et ben si: moi !, na !).
Je ne dois pas être tout de même le seul à me perdre dans le bordel de personnage et le flou du suivi de cette enquête tout de même.
Si ?
Ah bon...
Ellroy se fait une règle de base de ne pas introduire le moindre personnage sans nous sortir son CV et son histoire sociale et politique. C'est sympa, mais quand il utilise en plus 25 acronymes par chapitre, et qu'il fait des phrases de 8 mètres de long (qui a dit: ça: "toi même ?"), et bien cela rend la lecture difficile.
De difficile à chiant, il y a un pas que je ne franchirai pas.
Mais quand même: 4 mois pour lire 639 pages... il doit y avoir une autre raison que le manque de temps non ?
Piège nuptial
The Dead Heart
Sortie : 1994 (France). Roman
livre de Douglas Kennedy
juliendumas33 a mis 6/10 et a écrit une critique.
Annotation :
I'll be Outback !
Ah... L'Australie, ses chaleurs, sa terre rouge comme le sang, ses kangourous légendaires, ses journalistes perdus dans le désert...
L'idée de départ, on le sent, est d'emprisonner dans l'immensité, de faire ressentir la perte de repère dans le détachement, d'écraser de vide son personnage, et ... de jouer à se faire peur avec trois carcasses de kangourous et un bon lot de bouseux...
Cul de sac entre 2 chaises
Le souci, c'est qu'on hésite tout le temps entre tension lié à la situation du héros et humour un peu potache lié au style d'écriture de l'auteur.
Alors, le tout se lit très vite, c'est court, agréable à suivre, mais ça s'évapore quand même presque aussi vite qu'un peu de sève par 40° au soleil.
Dernière remarque pour l'éditeur qui a eu l'idée géniale de renommer ce "Cul-de-sac" en "Piège-Nuptial" pour traduire le titre original "The Dead Heart (qui seul avait du sens): on va te retrouver mec, on va te kidnapper dans un endroit bien glauque, et on va te travailler lentement à coup de steak de Kangous...
Frankenstein ou le Prométhée moderne (1818)
Frankenstein; or, The Modern Prometheus
Sortie : 1821 (France). Roman, Science-fiction, Fantasy
livre de Mary Shelley
juliendumas33 a mis 7/10 et a écrit une critique.
Annotation :
(Lu en VO)
Avec de vrais morceaux dedans...
Première remarque: 1818, ça peut faire peur. En tout cas, moi je savais pas trop à quoi m'attendre au niveau su style et de la forme. Et ben figure toi que c'est vraiment remarquable (Ouais, je te tutoie si je veux d'abord). La narration et surtout le phrasé de Mme Shelley coule comme... comme je sais pas trop mais il coule bien quoi !
Du coup, vraiment emballé moi. On est projeté dans le récit par l'intermédiaire d'un capitaine de bateau parti à l'aventure dans les glaces du grand Nord. On découvre le Docteur Frankenstein, perdu et désespéré sur une coque de noix au milieu de l'Arctique. Mais pourquoi, comment, et la créature qu'on connaît tellement elle est où, etc...
Voilà. On a donc un récit d'un récit, ampoulé dans un autre récit. C'est cool, moderne, #pousseenl'airlaMary.
Mais voilàtipas que la Mary, elle t'ampoule encore alors dans ce récit d'un récit ampoulé dans un autre récit, ... un AUTRE récit. (C'est un peu décousu mais pas plus que la créature remarquez...): le récit du monstre donc, qui, en plus de nous jouer l'éveil aux sens à la Rencontre avec Joe Black (Et je conchie Rencontre avec Joe Black: "hmmmm du beurre de cacahuète..."), nous conte dans un english un peu trop raffiné son mal être existentiel. Ben oui parce que quand on se réveille abandonné affreux et dégueulasse sans rien savoir de rien, on fait pas des arabesque et des pieds de poule...
On lui pardonne à Mary, parce que quand on ferme le bouquin, on se dit qu'elle a carrément défoncé le roman du XIXème, en plus d'inventer carrément le genre SF, mais on ne peux pas ne pas signaler les défauts de son monstre à elle...