My Césars 2023

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MEILLEUR FILM : Parce que c'est une comédie pure qui n'oublie jamais d'être du cinéma soigné, parce que Garrel convoque un quatuor d'acteurs (dont lui-même) hilarants et sincères, parce que le tempo des situations comiques est excellent (et se passe même de mots, les regards suffisent !), parce que c'est d'une tendresse infinie... Oui, L'Innocent n'oublie pas d'être accessible, généreux, et intelligent.

MEILLEURE ACTRICE SECOND ROLE : Noémie Merlant, qui mériterait un prix par rôle qu'elle sublime (on vous a dit, qu'on était fan ?) avec ici un rôle difficile de personnage qui doit surjouer par moments, sans que l'actrice ait l'air elle-même de surjouer... Mission risquée, pari réussi.

MEILLEUR ACTEUR SECOND ROLE : Roschdy Zem, parce qu'il irradie de classe, n'était pas forcément l'acteur auquel on pensait pour le rôle, et qui maintenant est une évidence.

MEILLEUR SCENARIO ORIGINAL : On ne savait pas (du tout) que l'histoire de l'Innocent était tiré de l'histoire personnelle de Garrel avec ses parents, et vous savez quoi : on l'a senti. Tout respire le vécu déformé en version comique, réparatrice, plein de sentiments envers les personnages, un amour fou de l'histoire et des protagonistes qui l'animent qui se ressent viscéralement. Un scénario décalé, amusant, et surtout qu'on sent rempli d'amour (on fond).

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MEILLEURE ACTRICE : Oui, on sait qu'elle ne l'aura pas, car elle l'a déjà eu l'année dernière pour Antoinette dans les Cévennes, mais que voulez-vous, Laure Calamy n'a qu'à pas nous bouleverser, triturer nos émotions au fur et à mesure du décrochage mental de cette mère croulant sous l'impossibilité de son planning social. La claque Calamy dans notre face, encore une fois, et on ne s'y habitue jamais.

MEILLEUR MONTAGE : Ces gens qui se ruent les uns sur les autres, les mains qui agrippent ce qu'elles peuvent, le téléphone beuglant en même temps que les hauts-parleurs, les gens qui courent dans l'autre sens, Calamy le regard décharné, épuisé, une musique lancinante dans son rythme, et on repart... Fou, on devient fou, complètement fou, avec ce montage rapide, aimant les gros plans (pour nous perdre visuellement, comme le personnage), qui s'appuie sur les mouvements rapides et incohérents de ses sujets, pour souligner le fond narratif du film. La pure force de A plein temps.

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MEILLEURE REALISATION : Le petit frère de Bac Nord n'a pas à rougir, avec sa réalisation sous tension, qui garde le meilleur de ses acteurs, qui décide de laisser les hors-champs s'exprimer, et confirme Jimenez comme un excellent faiseur de thriller du réel captivant.
[On ne sera pas déçu, loin de là, si Louis Garrel l'obtenait, mais on pense qu'il aura plutôt le Meilleur Film]

MEILLEUR SON : Du brouhaha inquiétant, saturant, aliénant, Novembre parvient à tirer ce qu'il veut : il arrive à isoler l'info qu'on attend, quelqu'en soit la circonstance. Voyez seulement l'ouverture avec les quelques mots de Dujardin au téléphone par-dessus ceux qu'on entend en hors-champs de Kiberlaim, qui ont tout autant d'importance : pas question de faire du champ/contre-champ, le montage du son travaille à plein régime pour nous faire suivre avec fluidité ce qu'on doit comprendre du bazar ambiant. L'ouverture est ce qui le montre le mieux, mais le reste du film travaille ses silences pour des moments d'angoisse toujours plus rudes pour nos nerfs.

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MEILLEUR PREMIER FILM : Une photo incroyable (on l'aurait adoré dans cette catégorie) qui apportent une poésie visuelle à celle déjà perceptible dans le scénario contant l'été de deux jeunes ados, qui ne veulent pas grandir trop vite... Plein de tendresse, avec une très belle interprétation et un final étonnant, Falcon Lake est un premier film plus que réussi.

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MEILLEUR FILM ETRANGER : Notre coeur meurtri ne se remettra jamais de l'expérience Close, de l'interprétation à fleur de peau d'Eden Dambrine, du sujet tabou dans lequel Lukas Dhont a l'élégance de ne garder que le nécessaire (pas de gros pathos gratuit, juste des émotions pures, des non-dits qui font encore plus mal), pour nous faire rendre profondément triste, avec cette note d'espoir à la fin qu'on n'attendait pas, et qui nous a refait pleurer (décidément). On n'en aura jamais assez de dire combien ce film est bouleversant.

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MEILLEUR ESPOIR FEMININ : Danseuse de profession, Marion Barbeau apporte sa grâce, son énergie et chaque mouvement d'une précision infime que son corps peut donner à déguster à une caméra gourmande de belles images. Les chorégraphies sont impressionnantes de technicité, mais pas seulement : c'est tout son personnage qui profite de l'art naturel transporté en chaque danseur.

MEILLEURE PHOTO : On aurait préféré Falcon Lake (on l'avoue), mais on accorde ceci à Klapish : il est aussi bon pour filmer les corps que les monuments. Lui qui excelle d'ordinaire à filmer les grands espaces, les villes et les paysages, parvient à donner une certaine structure aux chorégraphies qu'il capte, les illuminent avec talent, propose quelques belles images de danse qui nous ont captivé.

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MEILLEURE ADAPTATION : Il faut en avoir, pour prendre comme base un film japonais sur-défendu par la communauté cinéphile ("pas touche à mon doudou"), et inconnu au bataillon (et qui ne fait pas franchement envie, disons-le carrément) pour les 99% des autres spectateurs qui restent. Hazanavicius l'a fait, avec un casting brillantissime (on aurait filé le Meilleur Acteur à Romain Duris, tant il s'éclate - et nous avec - dans son rôle de réalisateur au bord de la crise de nerfs, mais super attachant), un tempo du comique qui rappelle les heures glorieuses des Nuls, une musique à contre-courant de Alexandre Desplats, des vannes adaptées depuis le concept japonais, et, on ne l'oubliera jamais (surtout pour nous qui étions à la Première de Cannes, absolument pas au courant du "twist"...) : une surprise. Une vraie, bonne, surprise. On a souffert le martyr en première partie, et on a adulé la suite, un film qui fait un bien fou à notre envie de découvrir des films décalés.

MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE : Alexandre Desplat à contre-emploi, qui nous pond une musique d’ascenseur anti-cérémonies prestigieuses, c'est un tel doigt d'honneur hilarant, qu'on veut que justement, il l'ait, le prix. C'est tellement bête que c'en est brillant.

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MEILLEURS EFFETS VISUELS : On a hurlé de rire en voyant le film qui se fout ouvertement de la kitscherie absolue de ses effets visuels, nommé dans cette catégorie précise. Parce que, pour faire du volontairement laid, il faut beaucoup de talent, on le valide.

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MEILLEUR FILM D'ANIMATION : L'hommage à Sempé et Goscinny est bouleversant, le style graphique nous lave les yeux de toutes les animations à gros budgets et peu d'idées, les doublages (Lafitte, Chabat, sublimes) sont d'une générosité rare, et la philosophie du film (ce qu'on laisse après nous, le temps qui file) n'a d'égal que la poésie qui fleure bon à chaque image... On a tous huit ans, avec plaisir et émotions, devant ce film qui appelle notre cœur de gamin.

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MEILLEURS COSTUMES : On aurait trouvé le film tout autant à sa place en catégorie meilleure réalisation pour Cornillac (et même photo...), mais ce magnifique film sous-représenté dans cette compétition mérite le prix pour lequel il concourt.