Tout comme le meilleur des mondes, 1984 est mal écrit. Horriblement mal écrit. Mais tout comme le meilleur des mondes, 1984 est un texte très intéressant, visionnaire, qui nous pousse à réfléchir. Cependant, tout comme le meilleur des mondes, 1984 peine à être convainquant en tant que roman.
Le roman doit receler d’une certaine esthétique dans la langue. Il doit nous faire vibrer. Dans 1984, les personnages sont insipides, l’écriture est bâclée. Dans cet ouvrage, les femmes sont loin d’être mises en valeur. Si les hommes comptent parmi eux quelques individus dignent d’intérêt (Winston, O’Brien), ça n’est pas le cas de ces dames. Winston trouve d’ailleurs Julia - la femme dont il est supposément amoureux - bêtasse. Comme il l’évoque à plusieurs reprises, c’est impossible de discuter avec elle. Quand il lui parle de sujets essentiels tels que la Fraternité, le livre de Goldstein ou de politique, elle s’endort. Bon, pourquoi pas. Malheureusement ce petit détail a fortement affecté mon rapport à leur couple, qui me semblait tout aussi insipide que les personnages. Ce pseudo-couple aurait du être une rébellion contre cette société insipide justement. Une société où les sentiments sont réprimés, où l’amitié n’existe pas, où les enfants dénoncent leurs parents à la police de la pensée. Au milieu de toute cette inhumanité, Winston et Julia étaient censés s’aimer, et par cet acte, se libréer du joug de Big Brother. C’est ce que dira Winston lorsqu’il sera torturé : “Je n’ai pas trahi Julia”. Mais quand finalement cette trahison s’accomplit, nous n’éprouvons aucune espèce de surprise ou d’émotion, parce que cette idylle, depuis le début, était baclée.
Les grands points négatifs de cette oeuvre sont donc pour moi l’absence de profondeur des personnages (qui prête à débat), le style indigeste d’Orwell (qui prête aussi à débat). Si les concepts sont intéressants, leur introduction est loude, maladroite. La forme ne sert vraiment pas le fond.
Bon, mais si on fait abstraction de tout ça, qu’est-ce qu’on a ?
On a un fond plutôt riche. J’ai été plutôt marquée par le concept de Novlangue, un des concepts clef du livre, qui a fortement contribué à booster ma note générale. Malgré tous les défauts que j’ai pu trouver à cet ouvrage, il y a quelque chose que j’ai trouvé fabuleux : le fait que ça soit sans espoir. Dans presque tous les romans que j’ai lu jusqu’ici, les gentils finissent par gagner à la fin. Mais dans 1984, ça n’est pas le cas. 1984 nous achève. 1984 brise tout notre optimisme. C’est glaçant.