Difficile de ne pas sourire en lisant le prémice du thriller préhistorique de Xavier Müller. Un virus transformant les humains en des Erectus, des hommes-singes surpuissants et bestiaux, ça sort des sentiers battus en terme de récit virologique. Et pourtant, Müller peut se vanter d'avoir accouché d'une oeuvre franchement spectaculaire.
L'auteur a beau clamer haut et fort que sa théorie de régression est bel et bien fondée, je n'ai pu m'empêcher au fil des pages de voir le fantasme d'un fan de préhistoire mis sur papier. Transformer des espèces du 21ème siècles en des créatures préhistorique, ça a tout d'un délire de gamin qui nous sortirait des pépites comme :
Alors c'est un méchant virus qui transforme les éléphants en des machins, des espèces de mammouths moches ! Et des pigeons en dinosaures ! Ah et aussi des hommes en hommes des cavernes, avec des bâtons et tout !
Mais forcé de constater que plus la lecture avançait, plus ce pseudo délire enfantin virait à un véritable cauchemar, certains moments virant littéralement à l'horreur pure (la découverte du sort des baleiniers et de la famille dans l'appartement parisien). L'angoisse du récit est notamment due à son réalisme. Xavier Müller connaît bien son sujet et n'oublie aucun des acteurs qui seraient impliqués dans une telle situation : l'OMS, l'armée, le web et j'en passe. À cela se rajoute toutes les questions éthiques entourant le virus, faisant échos à ce qui fait vraiment de nous des humains.
Tout semble si réel que ça en devient vertigineux.
L'auteur a également fait un étrange choix en incluant une histoire d'amour qui, au premier abord, n'a rien à faire dans le récit mais qui prend finalement tout son sens dans le climax, moment fort spectaculaire et tendu qui ressemble méchamment à La Planète des singes : Les origines (ne cherche pas à prétendre le contraire, Xavier, ça se voit à des kilomètres). La tension constante du récit et l'écriture "sale gosse" font rapidement oublier les passages niais ou fileurs amenant le lecteur aux dernières pages qui sont profondémment frustrantes (dans le bon sens du terme).
Bestial et parfaitement exécuté, ce Erectus est le livre dont le fan de préhistoire que je suis n'avait jamais demandé mais avait grandement besoin. Une oeuvre cauchemardesque méritant amplement une suite et même, pourquoi pas, une adaptation sur le grand ou petit écran (pitié Netflix, pitié) !