Nous sommes au coeur des tranchées.
La mort ouvre sa gueule affamée. Elle réclame son tribut dans cette terre aux entrailles béantes.
La mort n'est pas regardante, elle se nourrit des yeux bleus et des yeux noirs, des peaux claires et des peaux sombres. La mort éviscère les corps. La mort est un dëmm : un dévoreur d'âme.
On pourrait se demander que fait l'amour. Mais dans "Frère d'âme", l'amour est partout. Malgré les mains coupées, les sacrifiés, les chagrins incommensurables, Éros danse au banquet de Thanatos. Il danse à la clarté de la pleine lune, vêtu d'une couleur d'or et à chacun de ses mouvements, les narines frémissent en reconnaissant un parfum évocateur.
Il danse jusqu'à la folie.
Il danse jusqu'à ce que Alfa Ndiaye puisse nous dire qui il est. Lui, qui a enterré Mademba Diop, son plus que frère.
Comment un livre aussi court parvient à faire rouler sous la langue la substance de la complexité humaine ? C'est un mystère. Mais tout dans son style, son rythme, la construction du récit et de son personnage principal mérite qu'on s'y attarde (comme c'est souvent le cas avec les lauréats du Goncourt des lycéens, d'ailleurs)