Le Fils
8.1
Le Fils

livre de Philipp Meyer (2013)

Texas, ton univers impitoyable. Cet Etat a toujours été à part dans la géographie et l'histoire américaine. Espagnol, mexicain, indépendant et enfin rattaché aux Etats-Unis avec une frontière longtemps contestée par le Mexique. Le tout sur fond de génocide indien, de ségrégation raciale, d'immenses ranchs, de culture de coton et d'élevage avant l'extraction de pétrole et de gaz. Un Etat où la loi du plus fort a prévalu plus qu'ailleurs dans un climat de violence récurrente. Le fils est une saga qui raconte un siècle et demi d'histoire du Texas à travers le destin de plusieurs générations d'une même famille. Les récits alternent nous baladant principalement de 1835 à nos jours en passant par 1917. L'arbre généalogique qui ouvre le roman de Philipp Meyer n'est pas inutile bien que très vite l'on s'y retrouve facilement, dans les pas et l'histoire de trois personnages principaux. Ceux-ci présentent un intérêt inégal et il est bien évident que le plus représentatif est celui de l'aïeul, duquel vient en quelque sorte le péché originel. Car loin d'être une ode aux pionniers de l'Amérique, Meyer montre à quel point la domination blanche s'est construite sur les cadavres des tribus indigènes et des mexicains. L'envers du rêve américain au goût de sang et de boue. La partie la plus passionnante, extrêmement documentée, concerne le "kidnapping" par les comanches du jeune garçon qui deviendrait bien plus tard le patriarche de cette dynastie texane. Son quotidien et son intégration au milieu de la tribu est conté de façon minutieuse, avec un humour noir dévastateur, et une sorte de tendresse pour une culture laminée au fil du temps par les maladies et la lutte incessante contre les visages pâles. Une étude de moeurs prodigieuse qui constitue un véritable morceau de bravoure. Le reste du livre n'est pas du même niveau, il aurait pu difficilement l'être, mais reste en bout en bout palpitant et étonnant par la grâce d'un style changeant mais toujours coloré et brillant.

Cinephile-doux
8
Écrit par

Créée

le 16 janv. 2017

Critique lue 238 fois

2 j'aime

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 238 fois

2

D'autres avis sur Le Fils

Le Fils
dodie
9

Critique de Le Fils par dodie

Pendant 670 pages j'ai voyagé dans le temps de 1850 à nos jours à travers l'itinéraire des 3 membres de la famille McCullough. J'ai chevauché avec eux dans les paysages magnifiques du Texas. Oui ce...

le 3 oct. 2014

7 j'aime

Le Fils
LeNatif
8

Et l'homme créa le Texas

«Le fils» de Philipp Meyer débute en 1850 dans les terres encore sauvages du Texas où mexicains, colons «anglos» et indiens se disputent les parts sèches d'un immense gâteau poussiéreux et hostile...

le 24 nov. 2017

3 j'aime

2

Le Fils
britishg3eks
7

Histoire texane et approximations / exagérations en tous genres

Le Fils est le second roman de l’écrivain américain Philipp Meyer. Au fil des pages se dessine sous nos yeux l’histoire du Texas à travers la vie de la famille McCullough. Qu’il s’agisse de...

le 30 sept. 2014

3 j'aime

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 28 mai 2022

79 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

79 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

72 j'aime

13