Kenneth Cook est surtout connu chez nous pour ses nouvelles narrant ses rencontres improbables et hasardeuses avec tout ce que peut compter l'Australie comme faune inhospitalière.
Mais ce sont surement ses romans qui restent les plus intéressants à découvrir, ici avec ce Vin de la colère divine (superbe titre) c'est l'homme farouchement opposé à la guerre au Vietnam (l'Australie étant engagée dans celle-ci aux côtés des Etats-Unis, l'écrivain avait alors carrément créé un parti politique pour pouvoir lutter plus activement) qui nous livre ce récit court mais puissant d'un jeune américain, engagé volontaire.

Le fait qu'il soit narré à la première personne rend le récit plus percutant bien que, et c'est là l'un des seuls défauts du livre, ce ton voulu de "conversation" fait que certaines tournures de phrases ne sont pas très heureuses et le style reste assez simple. Pas mal de répétitions, voulues certes, mais c'est un peu pesant.
N'empêche que l'on a vraiment l'impression qu'il NOUS raconte son histoire. Et je ne dis pas "il" sans raison : à aucun moment on apprendra le nom du narrateur.
Un soldat de plus envoyé trop loin de chez lui pour servir on ne sait quelle cause, lui ou un autre : qu'est-ce que cela change ?

Enfin lui croit savoir. Avec son éducation catholique qui lui a enseigné que les communistes sont les "méchants" ennemis de l'église, quoi de plus logique que de partir "sauver le monde du communisme" ? J'vous le demande tiens.
Mais une fois sur place le peu de certitudes qu'il possédait vacillent, le soldat peine à croire / assimiler certaines horreurs qu'il voit, ce n'est ni une ordure ni un héros. Tout ce qu'il souhaite c'est comprendre, trouver une logique à toute cette horreur. Parce qu'il y en a une. Il doit y en avoir une.
Mais c'est dur de réfléchir avec la peur au ventre et les baloches de son lieutenant sur les godasses.

Alternant les moments durs de tripailles qui s'aèrent et de palmiers napalmisés avec des moments plus introspectifs, Kenneth Cook livre un bouquin au rythme trépidant et dont les quelques 180 pages se lisent à une vitesse folle. Fidèle à lui-même, il se permet même quelques petites touches de cet humour ironique qui est sa marque de fabrique et on le reconnait, non pas derrière le personnage central mais plutôt dans celui de Karl, le soldat pacifiste.
Comment ? Le "soldat pacifiste" ça ne vous parle pas ? Ben plutôt que de déserter, il préfère tirer à côté.
Ouais, il énerve tout le monde dans le livre aussi.
Pravda
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le 31 juil. 2014

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