"Je ne la possédai jamais tout entière: elle ressemblait à la vie" !!!

J'avais lu il y a environ deux ans Du côté de chez Swann avec difficulté et je n'avais pas ressenti l'envie en conséquence de me jeter sur le deuxième volet d'A la recherche de la temps perdu. Mais les voies de l'esprit étant des fois bizarroïdes, j'ai eu envie d'un coup de me plonger dans A l'ombre des jeunes filles en fleurs. Peut-être parce qu'au fond je sentais que je serais passé à côté de quelque chose si je ne l'avais pas fait...


Et puis, il faut partir du principe que Marcel Proust n'est pas un écrivain comme les autres, que jamais un auteur, ni avant ni après, ne s'est, avec une volonté aussi ferme, autant consumé au service de son oeuvre, que rarement à travers cette dernière on a eu une création artistique aussi peu conventionnelle. Donc il faut partir du principe que ce n'est pas à l'auteur de s'adapter au lecteur, c'est l'inverse. Et si le lecteur accepte de signer le contrat, ça peut être pour lui une expérience, non seulement littéraire, mais aussi et peut-être même surtout sensorielle et mémorielle exceptionnelle.


J'ai fondu devant les descriptions des toiles d**Elstir, j'ai été ébloui par les descriptions des "jeunes filles en fleurs" (quel beau titre !!!), et sur comment des personnes qui nous paraissent lointaines et même totalement inaccessibles peuvent se trouver par un concours de circonstances proches de nous mais en même temps insaisissables,



Je ne la possédai jamais tout entière: elle ressemblait à la vie.



et puis la poésie que l'auteur donne à des prénoms comme "Albertine" et "Gilberte", au moindre petit fait, au moindre petit détail qui apparaissent pourtant et à tort insignifiants. Et ces traits d'humour, qui font à chaque fois mouche car toujours subtils et inattendus.



A la fin nous aussi, nous fîmes une relation, malgré mais par ma grand-mère, car elle et Mme de Villeparisis tombèrent un matin l’une sur l’autre dans une porte et furent obligées de s’aborder non sans échanger au préalable des gestes de surprise, d’hésitation, exécuter des mouvements de recul, de doute et enfin des protestations de politesse et de joie comme dans certaines scènes de Molière où deux acteurs monologuant depuis longtemps chacun de son côté à quelques pas l’un de l’autre, sont censés ne pas s’être vus encore, et tout à coup s’aperçoivent, n’en peuvent croire leurs yeux, entrecoupent leurs propos, finalement parlent ensemble, le chœur ayant suivi le dialogue et se jettent dans les bras l’un de l’autre.



Chacun de nos amis a tellement de défauts que pour continuer à l’aimer
nous sommes obligés d’essayer de nous consoler d’eux - en pensant à
son talent, à sa bonté, à sa tendresse - ou plutôt de ne pas en tenir
compte en déployant pour cela toute notre bonne volonté.
Malheureusement notre complaisante obstination à ne pas voir le défaut
de notre ami est surpassée par celle qu’il met à s’y adonner à cause
de son aveuglement ou de celui qu’il prête aux autres.



Cette fois, je n'attendrai pas deux ans et vous aurez très vite des nouvelles du "côté de Guermantes".



Chacun appelle idées claires celles qui sont au même degré de
confusion que les siennes propres.


Plume231
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le 21 déc. 2016

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Plume231

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