Après avoir passé quelques jours en Normandie et visité les cimetières Américains et Allemands de la seconde guerre mondiale, j’avais vraiment envie de me plonger dans un roman dénonçant les absurdités de la guerre. Si à l’Ouest rien de Nouveau dépeint la première guerre, j’y ai en revanche trouvé tout l’antimilitarisme espéré.
Deux choses m’ont vraiment plu dans le roman. Tout d’abord, le rythme du récit est parfait. L’histoire alterne entre des moments intenses de combat, où les obus tombent dans tous les sens, et des conversations de soldats philosophant sur la guerre, la vie, et l’absurdité de ce qu’ils vivent. Si on ne s’attache pas vraiment aux personnages, faute de vraiment bien les connaître, on ressent cependant pleinement leur désespoir, leurs petites joies et surtout la camaraderie qui leur permet de tenir le coup. Erich Maria Remarque décrit très bien le sentiment de ces très jeunes soldats qui sont au seuil de leur vie et qui se font emporter par la guerre. On aime suivre leurs réflexions, leurs questionnements et leur rêve de voir finalement les dirigeants de leurs pays se battre eux-mêmes dans une arène au lieu d’envoyer leur population se faire massacrer.
Mais au final, ce que je retiendrai réellement de ce livre, ce sont les grandes tirades antimilitaristes et philosophiques sur la guerre. L’un des moments les plus savoureux est lorsqu’un des soldats tente de comprendre les raison de la guerre et à qui elle profite. Lorsqu’un autre lui explique que la guerre apparaît lorsqu’un pays en offense un autre, celui-ci lui répond qu’une montagne allemande ne peut pas offenser une montagne française !
Mais le moment le plus puissant est certainement celui où Paul Baümer, le héros, se retrouve à tuer au couteau un français tombé dans son trou d’obus. Perdu face à l’atrocité qu’il vient de commettre, il cherche à tout prix à se repentir de quelconque manière, jusqu’à cette tirade magnifique où il appelle son ennemi, camarade : “si nous jetions ces armes, et cet uniforme, tu pourrais être mon frère”. Ca peut peut-être sembler évident aujourd’hui de discourir sur la folie de la guerre, mais au mi-temps des deux conflits mondiaux, A l’Ouest rien de Nouveau devait revêtir une puissance encore plus grande.
Ainsi, je sors de la lecture de ce grand roman apaisé de voir qu’une verve antimilitariste existait déjà il y a 100 ans, mais toujours terrorisé que les discours guerriers soient aussi toujours présents aujourd’hui.