Célèbre auteur de SF, ami d’Heinlein et connu principalement pour ses cycles Fondation et les lois de la robotique, Isaac Asimov est surtout un auteur prolixe, s’exprimant à travers tous les styles, dans des romans rarement longs, mais se perdant en de nombreux tomes et préludes.
Cependant, il excelle également dans les nouvelles très courtes, comme ici. L’histoire est, comme souvent dans une nouvelle de 40 pages, très simple, puisqu’il s’agit d’une dystopie narrée comme une utopie sur la démocratie prédictive. En pratique, un ordinateur, le Multivac (la nouvelle date de 1955, ce qu’on ne peut occulter) est en charge d’analyser toutes les données et les opinions de la population, faisant qu’avec un seul vote par une seule personne qu’elle a elle-même désignée, la Multivac peut choisir le prochain président, ainsi que l’ensemble des résultats d’élection subséquents « faisant ainsi gagner un temps considérable et baisser le coût honteux des campagnes ». La nouvelle ne vient ainsi que détailler le choix de l’électeur pour l’élection de 2008.
Dans une aussi courte nouvelle, il n’est pas fait le choix de recourir au fameux « Et si ? ». On ne se pose pas les questions sur les possibilités de détournement des infos, d’ingérence, les conséquences pour la population, sur l’intelligence artificielle. Non, ces questions qui se posent nécessairement ne sont pas abordées, laissant le lecteur les imaginer lui-même à travers cette simple description. Présentée sous un jour positif, ou l’on devine cependant clairement l’ironie, cette petite et courte nouvelle est ainsi plutôt intelligente mais malheureusement désespérément actuelle.