Etant entendu que la note renvoie au plaisir éprouvé à la lecture qu'à une espèce de jugement objectif de la qualité de l'oeuvre. Même si je pourrais reconnaître que la facture (et la macro-structure) de ce roman est intéressante, remarquable et probablement maîtrisée, j'avoue que sa lecture m'a été très pénible. Pas parce que le texte est difficile... en fait, il ne l'est pas tant que ça. Quiconque a une pratique un peu soutenue de la lecture a déjà plusieurs fois rencontré une syntaxe plus ambitieuse et sophistiquée que celle de Lowry. Si difficulté il y a, elle tient de l'extrême ténuité de l'action, perdue dans le flot interminable des élucubrations des personnages. Sous le volcan est un roman verbeux, plein d'indirect libre, plein de dialogues, de monologues intérieurs, de digressions mentales, de références érudites impossibles à saisir (et c'est sûrement à dessein). Syntaxiquement, rien d'impressionnant, mais l'ennemi principal de ce texte, c'est l'ennui, tapi dans l'ombre de chaque page hélas. On a beau avoir compris qu'il s'agissait surtout d'un personnage fou d'amour et de désespoir, vautré dans les méandres de l'alcoolisme sans avoir pour autant renoncé à la promesse de bonheur que lui a faite la boisson, impossible de ne pas regretter le manque d'esprit de synthèse et l'épaisseur du bouquin (presque 600 pages). Les chapitres sont extrêmement longs (entre 30 et 50 pages), et impossible de lire certains passages en diagonale si l'on ne veut pas passer malencontreusement à côté des 4 ou 5 lignes, perdues dans la masse, qui déploient le peu d'action contenue dans ce roman. Il m'a fallu 3 semaines pour lire un roman d'une durée diégétique de 24 heures, et ça c'est quand même fort.
Le plus inquiétant de cette oeuvre, comme souvent, vient de ses lecteurs. C'est qu'il y a une véritable secte, qu'on pourrait appeler "les vulcanistes", qui vénère ce roman au prétexte qu'il serait un sommet littéraire réservé aux happy few. Tous louant la pseudo-difficulté du texte, qui est simplement une manière très chic d'avouer qu'ils se sont fait chier à la lecture, et s'imaginant que cette pénibilité tenait à la poéticité du texte. Il n'en est rien. Je le redis en conclusion : dans Sous le volcan, l'intrigue est laborieusement menée, et c'est un défaut romanesque. Je le relirai dans quelques années, dans le doute, mais sans conviction.