Recueil de poèmes en prose ?
Aurélia est un livre court, mais difficile. Récit fantasmagorique des visions et impressions ressentis par Nerval durant sa première "crise", la narration est chaotique, les tableaux s'enchaînent sans lien logique, et même le personnage d'Aurélia, figure de l'amour au cœur des visions de Nerval, ne constitue pas un fil d'Ariane bien solide pour le lecteur désorienté.
L'intérêt potentiel d'Aurélia ne réside de toutes façon pas dans la recherche d'une logique au récit. C'est plutôt la force poétique des images évoquées, et l'originalité de la démarche, tout à fait romantique, consistant à mettre en valeur le vécu personnel de l'auteur, et quel vécu, qui séduiront les lecteurs avertis d'Aurélia.
De plus, Aurélia, plutôt qu'un récit fidèle d'un mois de délire, me semble être le produit étonnant de l'imagination luxuriante d'un homme en proie à de graves troubles psychiatriques, de l'amour d'un poète pour le beau, le grandiose et le sublime et de la lente transformation qu'opère le temps sur le souvenir. Saupoudré d'un peu d'alcool et de drogue ?
Le résultat de l'opération ci-dessus, bien qu'indéniablement hors du commun ne comblera pas tous les lecteurs. Il faut à mon avis être grand amateur de poésie, intéressé par la question psychiatrique ou fan de littérature sous stupéfiants pour vraiment apprécier Aurélia. Les autres n'y verront probablement qu'une succession de jolies phrases sans lien ni grand intérêt.