On ne va pas se mentir, on le sait tous, t'es ici parce que t'as bien aimé The Wire, et que depuis... ba t'es un peu en manque.
T'as vite pigé que ce genre de came ne se trouve pas facilement dans les "corner" d'internet. T'as saigné toutes les séries HBO à la recherche d'un truc à la hauteur, et tu calanches, t'accroches pas... Tu t'ennuies dur depuis ce satané jour où t'as bouclé la saison 5 de la meilleure série de monde.
Rassure-toi, tu peux te remettre une seconde fois les 60 épisodes, t'as sûrement loupé pleins de trucs, ou encore répéter les répliques cultes de D'Angelo devant ta glace.
Déjà fait et refait? Alors t'es fin prêt pour "Baltimore" & "The Corner".
Si t'es un des rares moldus à pouvoir rester bloqué devant un bouquin, tu trouveras bonheur dans ces deux pavés. 1000 pages chacun, à peu prés 50 heures de lecture en tout (soit l'équivalent des 5 saisons de The Wire).
Le premier te plonge dans la "Homicide", la fameuse police criminelle, celle où Bunk, Lester & Mc Nulty ont grenouillé. On reconnaît quelques scènes que The Wire a littéralement reprises ( comme ici : https://books.google.fr/books?id=y-03F8ABxxMC&lpg=PP1&dq=baltimore%20david%20simon&hl=fr&pg=PT178#v=onepage&q&f=false ). On retrouve surtout l'esprit de cette police bousculée entre une hiérarchie droguée aux chiffres, et une population sans plus aucun espoir.
L'enquête de Simon a duré un an, il la retranscrit avec une fidélité d'intégriste. Tout ce qu'il n'a pu développer dans "The Wire" est ici passé au crible :
- Le fameux tableau des affaires en cours, avec les noms en rouge pour les affaires non élucidées et les inspecteurs en charge de l'enquête
- l'angoisse du téléphone qui sonne : Est-ce un dunker (une affaire finger-in-the-nose) ou un meurtre insolvable, sans témoin ni indices?
- Les heures supplémentaires limitées, les moyens restreints
- Les jurés dans les tribunaux qui laissent filer des criminels
- Les enquêtes qu'il faut discrètement étouffer...
Mais surtout, t'as l'impression de vivre au milieu de ces poulets : parfois des héros (ça me coûte de le dire mais faut l'avouer), parfois des cabossés à qui la vie montre les pires engeances possibles, et qui ont l'humour comme principal blindage.
On est à des années lumières des Experts, de Sherlock. Ici, on n'a aucune garantie que l'enquête finira bien, aucune morale à sauver, juste une bandes de crevards en manque de xxxxxxx (A remplacer par : Vérité/Justice/Heures_sup/Grades/Reconnaissance).
Je suis sorti de ce livre avec la solide impression que j'en savais d'avantage sur l'humanité, sur le système américain, et avec encore moins d'espoir qu'après la mort de Wallace.
Et j'ai ensuite attaqué "The Corner", la même mais chez les toxicos du carrefour de Fayette et Monroe de B-more. Un autre morceau de bravoure signé D. Simon...
Simon sait nous amener dans les recoins les plus inavouables de la société américaine, ceux que Hollywood cache avec honte. Évidement, c'est là-dedans qu'on trouve l'humour le plus acerbe, l'humanité la plus dénudée, les émotions les plus brutes. Le constat est clinique : Le modèle américain est un échec patenté.
J'ai à présent fini de lire et regarder toute l’œuvre de David Simon, et je commence à trouver des successeurs. Par exemple, je vous recommande "Les sauvages" de Sabri Louatah.
Jjango