“Battle royale” est un savant mélange d’uchronie et fresque dystopique; c’est l’histoire d’une classe de 42 étudiants dans la république d’une Asie imaginaire qui se fait propulser au cœur d’un manège gouvernemental qui a pour but de les faire s’entre-tuer et de couronner vainqueur l’unique survivant.
Avec une telle prémisse en 4ème de couverture, on pourrait croire que ce sera une lecture à base d’hémoglobine explosive et de violence gratuite, sauf que ce n’est pas le concept à retenir de cet œuvre.
Le roman de Koushun Takami est certes d’une extrême violence au point de vue physique pour les meurtres qu’il décrit avec un réalisme déconcertant mais aussi psychologique d’une part car on assiste aux réactions de différents types d’élèves face à leur mort programmé.
Chaque chapitre est narré du point de vue interne d’un protagoniste où on devient spectateur de ses pensées ainsi que de ses réactions, on suit son parcours jusqu’à ce qu’advienne sa perte de façon (le plus souvent) sanglante.
Parfois plusieurs chapitre se consacre à un seul personnage et on a le temps d’apprendre davantage des morceaux de sa vie à tel point qu’on s’attache à lui et quand les causes de sa mort survienne, on est d’autant plus frustré de ne pas avoir eu plus de détail sur ce personnage si attachant que cela amplifie le drame de sa disparition.
Le roman met en avant une question fondamentale lié aux relations humaines dans de tel circonstance : peut-on ( et surtout faut-il ) avoir confiance ?
Une interrogation cruciale d’autant plus que l’amour et l’amitié s’évapore facilement entre les personnages.
La psychologie des personnages est très bien élaboré, elles proposent de véritables réflexions sur ce qui motivent certains élèves à “jouer le jeu”. On se rend compte que la peur est très présente et les obligent à agir dans des cas extrêmes et pose la fameuse question : assassiné ou être assassiné ?
Pour embellir le tout, l’auteur a aussi rempli son roman d’amourettes qui au premier abord peut sembler amener une tonalité fleur bleue au récit mais on est loin des vues américaines à grand coups de romance soporifique et glam. Le tout est amené de manière tragique et déchirante tant la psychologie des personnages est poussées voir d’une grande maturité pour leur âge.
L’auteur pose un regard satirique et analyse en profondeur le système de fonctionnement d’une dictature et dénonce clairement la passivité des citoyens à savoir laisser leurs enfants s’entre-tuer.
Battle royale est un ouvrage de 830 pages cruel et sordide qui laisse planer le doute jusqu’à la dernière page.
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