Un roman purement réaliste, marque de fabrique du grand Maupassant. Que dire de cette histoire où les rapports humains sont exposés dans leurs couleurs les plus mesquines et complexes. Georges Duroy l'homme qui, dépassé par son ambition, en devient monstrueux (sans doute inspiré par M. Walter). Profitant de ses charmes et de sa beauté il va tout simplement profiter de la candeur et de l'amour des femmes, les extorquer pour tracer sa propre route vers le pouvoir. "Chacun pour soi. La victoire est aux audacieux. Tout n'est que de l'égoïsme. L'égoïsme pour l'ambition et la fortune vaut mieux que l'égoïsme pour la femme et pour l'amour". La résolution est formelle...
Intérieurement il sait que la société est d'une médiocrité aberrante où seule les riches salauds s'en sorte. Il préfère donc la force pragmatique qu'à la futile fragilité. Personnage si dense ce Duroy qu'on ne peut pas vraiment le haïr en soi car, après tout, il ne fait que survivre dans la jungle parisienne. Manger ou se faire manger.
Surtout que dans la dernière phrase de l'histoire on aperçoit vivement la petite flamme de passion qu'il lui reste quant à son véritable amour pour Mme Marelle "Sa pensée maintenant revenait en arrière, et devant ses yeux éblouis par l'éclatant soleil flottait l'image de Mme Marelle rajustant en face de la glace les petits cheveux frisés de ses tempes, toujours défaits au sortir du lit."
Malgré toute la gloire possible, tout l'argent du monde, rien n'est comparable à la puissance des sentiments. Les remords sont certainement ce qui se dressera à l'avenir de Bel-Ami.