Séverine est mariée depuis un an à Paul, un brave homme, tendre, gentil et spirituel, mais voilà : Séverine s'ennuie. Elle l'aime, et pourtant, elle ressent l'irrépressible besoin de faire "plus" avec sa sexualité, et la voilà qui s'engage auprès d'une maquerelle pour devenir "Belle de jour", une femme de joie qui est bien vite très prisée des hommes. D'autant plus demandée qu'elle ne peut rester que le jour sans avouer la raison (pour retrouver son mari le soir), une horaire bien particulière qui attire les curieux qui veulent découvrir ce mystère. Bientôt, la jeune femme fera des rencontres de plus en plus incompatibles avec son secret... Belle de jour se construit donc comme un roman qui explore le désir, surtout féminin, mais aussi l'envie vaine de faire cohabiter un bon mariage respectable et des pulsions plus illégales, des plaisirs pervers qui n'entrent pas dans le cadre (de l'époque, en tout cas) d'une union "bien sous tous rapports". Le livre n'est pas bien épais (250 pages environ), et pourtant, nous avons l'occasion de nous y ennuyer, surtout lors des passages qui témoignent longuement de l'hésitation de Séverine à rester Belle de jour au début de sa "carrière", mais aussi lors des visites des clients tels Hippolyte qui n'est décidément pas aussi intéressant que l'abominable (ou minable tout court) Marcel, celui qui rabaisse ou frappe ses conquêtes à sa guise... La fin triste nous déçoit, car si la morale est sauve (la chasteté du mariage avant tout), on trouve que le sort du pauvre
Paul
(qui n'avait rien demandé) est trop sévère et ne lui donne pas l'occasion de donner son point de vue sur les agissements de son épouse (empêché par
sa paralysie
), ce qui nous aurait vraiment intrigué ! Dommage, car le livre est loin de démériter, malgré sa vision assez simpliste du milieu de la prostitution (on se demande d'où ces clichés sortent). Un livre qui pose néanmoins la question du désir féminin, et le droit à l'épancher (de manière plus ou moins respectable), un sujet rare au début du vingtième siècle.