Boule de suif, une nouvelle mordante sur l’hypocrisie de la bourgeoisie, au lendemain de la défaite française en 1870.
Il y est d'abord question de l’humiliation d’une pauvre voyageuse (une prostituée surnommée « boule de suif »), sacrifiée à la débauche d’un militaire prussien par ses compagnons de route rouennais (2 couples bourgeois, 2 religieuses et un républicain), afin de poursuivre leur voyage vers Dieppe. Une histoire dans laquelle la prostituée est le seul personnage moral résistant, jusqu’au dernier moment, aux avances de l'officier prussien et à la pression du groupe au nom de "l’honneur français". S’opère en cela une opposition entre la noblesse d’âme, la force de conviction de la prostituée et la vulgarité, la quasi-bestialité de la bonne société rouennaise, prête à tout pour satisfaire son petit confort personnel, cherchant à justifier l'immoral par des arguties ridicules. Il y est ainsi également question du patriotisme, valeur revendiquée par tous les personnages, mais mise en pratique réellement par la prostituée, à rebours du patriotisme bourgeois, de façade, articulé autour de belles paroles et de références pompeuses. Une critique acerbe de la bêtise et de la lâcheté humaine, en même temps qu’une touchante défense de la dignité des femmes.