"Je suis plus manichéen que jamais."
Dans la vaste et interminable liste des livres obligatoires au cours de ces passionnantes heures de français au collège et lycée, CANDIDE est sans doute le seul que je relis de façon récurrente.
Pour le style de Voltaire, en premier lieu : le premier chapitre, qui me fait rire à chaque ligne, annonce déjà l'ironie et le sarcasme géniaux qui habitent la narration. Candide, chassé à "grands coups de pieds dans le derrière" du paradis sur terre, va désormais errer par le monde, trouvant et retrouvant des connaissances, dans une absurdité constante, que Voltaire manie à merveille.
Outre la plume de l'auteur, CANDIDE est une pépite de grand n'importe quoi, où le héros valdingue de par le monde, d'Espagne en El Dorado, de France à Constantinople en passant brièvement en Angleterre... Il va apprendre la vie et met à contribution à chaque page la devise de feu (vraiment ?) le Docteur Pangloss, qui veut que tout aille pour le mieux dans le meilleur des mondes, que tout y est foncièrement bon parce que c'est comme ça. Mais quand on a vu autant de péripéties aussi dingues et folles que subit Candide, qu'en dire ? Les horreurs prennent dans la prose de Voltaire l'apparence d'absurdes farces qui tombent toujours sur la même personne, "parce que cela doit être ainsi" aurait pu dire Pangloss.
En fait, je me rend compte que c'est très difficile de parler de CANDIDE, il y aurait beaucoup à faire et à débattre, des philosophies de Martin, Candide, Pangloss pour finalement atterrir chez le Turc du dernier chapitre, qui clôt superbement l'absurdité de Voltaire.
Et en plus c'est drôle.