Je l'ai dit dans mon ancienne critique, si King continue à faire le pitre, je risquerais pas de lui pardonner tous ses petits écarts.
J'ai accepté la longueur outrageuse de 22/11/63, j'ai accepté la disparité niaise dans les nouvelles du bazar des mauvais rêves, j'ai accepté l'histoire de gangsters dans 1922. Bref, je vais parler comme un fanatique mais King a vraiment besoin qu'on lui sonne les cloches !
Une fois de plus, Carnets Noirs me déçoit amplement, pas autant que Mr Mercedes, mais nous allons voir pourquoi.
Pourquoi ? Tout simplement parce qu'une partie du livre, au moins 200 pages, sont attribuées aux méandres de la vie de Bellamy, pauvre petit gars qu'on arriverait même à avoir de la pitié. Heureusement pour ce personnage, King ne tombe pas dans la diabolisation comme avec Brady Hartsfield, il se dit quand même que ce dernier est un Lecteur Fidèle et que tout ce qui est livre est sacré pour lui.
Ce cher Bellamy apporte un air nouveau à la trilogie Hodges, une impression que le meurtrier est plus intéressant que le garçon qui découvre les carnets noirs de Rothstein. Une impression que le meurtrier n'est pas si mauvais et qu'il a traversé de nombreuses épreuves pour y arriver.
Résultat, toute la confrontation entre la vie de Bellamy et la vie de Peter Saubers rend le récit assez vivant, pour la peine, ces 200 pages ne m'ont pas déplu.
Ce n'est sans compter l'arrivée du terrible Hodges et de sa bande de joyeux fripons, prête à tout pour réduire l'histoire à une simple mascarade, prête à tout pour poser un voile sur le cercueil de la trilogie, déjà enterré six pieds sous terre par le premier opus.
Une fois de plus, j'ai été déçu par l'arrivée des personnages qui marquent leur arrivée avec des blagues, des imitations, des flirts, des conversations enjoués, ce qui vient déteindre avec le reste du récit. D'un côté, vous avez Bellamy, poursuivi par son flic de la conditionnelle, et obsédé par la recherche de ses carnets noirs, son saint Graal qui lui a permis de faire à chaque fois le prochain pas dans sa vie meurtrie. Et de l'autre, on a Hodges qui résout une affaire de contrebande dans les règles de la simplicité, Holly qui fait toujours sa victime et taquine toujours le cher policier, et enfin Jérôme et son sempiternelle don pour me soûler avec ses imitations et sa gueule de charmeur éco plus.
Bravo Stephen King, il a réussi à me faire détester ces personnages du plus profond de mon âme. J'ai toujours un espoir pour Hodges, le moins niais du groupe même si ces rappels redondants de son ex-petite copine morte dans une explosion, vient toujours faire surface avec la subtilité d'une lobotomie. "J'aurais dû être plus malin, plus rapide !"
Ainsi, avec l'arrivée de ces personnages, le récit sombre dans la niaiserie la plus noire, c'est un comble ! La bande de joyeux fripons découvrent l'existence d'un danger qui plane sur la tête de Peter Saubers, et bam, tout de suite, ils sont partis pour le sauver comme une mauvaise représentation du club des cinq.
Je ne déconne pas, pendant toute l'histoire, ils pataugent dans leur existence pathétique, et puis la minute d'après, ils sont tous appelés à la rescousse dans un monde apathique où les policiers, le gouvernement, les services publics n'existent pas. On a vraiment l'impression de vivre dans un monde amputé de sa réalité, tout ce qui s'y passe n'a aucun sens.
Ainsi, le fait que la bande de joyeux fripons arrivent à temps pour enclencher le dénouement de l'histoire (comme par hasard), comme dans ce stupide concert avec Brady Hartsfield, renforce cet irréalisme. Qui appelle t-on pour restaurer l'ordre et la justice ? Les Niaisebusters ! Qui appelle t-on pour palier à la fin du récit ? Les Niaisebusters !
Parfait Jérôme pourra jouer Zeddemore !
Bref, la fin du récit se conclut de manière pathétique et comme d'habitude, elle avance au ralenti comme toutes les fins de SK, l'adolescent arrive à éviter des balles et à survivre à un fou dangereux, le fou dangereux va voir sa mère et n'arrive même pas à la tuer d'une balle dans la tête alors qu'il est a à peine deux mètres ! Mais bon sang, le livre c'est pegi 7 ? SK avait dit à son fils une fois, qu'en créant les yeux du dragon, c'était uniquement pour qu'il puisse lire une de ces histoires sans qu'il ait peur. AHAH ! La bonne blague, passez lui Mr Mercedes et il aurait dormi comme un ange.
Le tueur finit sa course dans les flammes, (ainsi Hodges ne pourra pas l'humilier comme il le fait avec Brady) et tout finit bien, Pete chope, comme par magie, une interview sur un écrivain mort il y a 40 ans de cela et la suite de sa trilogie. (SK voit la vie en rose !) Le père de Pete ... euh attendez, ce personnage ne sert plus à rien, passons. Holly et Jérôme font un pique-nique, que c'est mignon.
Au final, Hodges finit (pour une fois) le bouquin d'une bonne manière puisqu'il amorce le synopsis du prochain livre de la trilogie, celui que je meurs d'envie de lire. La trilogie pencherait-elle sur le fantastique ? Intéressant ! Les apparitions de la chambre 217 et de la liseuse rose bonbon semblait annoncer ça.
Non, question plus importante, est-ce que Brady va t-il se venger ? Est-ce qu'il va enfin avoir sa vengeance ? Est-ce qu'il pourra les tuer dans d'atroces souffrances ? J'ai l'impression que toute la trilogie a été finalement envoyée dans cette même vision, celle de voir les héros si estimés mourir dans d'atroces souffrances. Quelle joie, quel bonheur, quel suspense.
J'espère de tout mon cœur que ce qui va se passer annonce le glas de plusieurs personnes, apportez moi la tête de Holly, Jérôme, Hodges sur un plateau.
Le lecteur fidèle le demande, et je n'aurais à tuer personne.