Le dernier Despentes... qu‘en dire ?
Du bien.
A la lecture du pitch, j‘avoue que je n‘etais pas très accroché. Un récit épistolaire entre un auteur Metooïsé et une actrice que sa cinquantaine condamne a quitté les ecrans, dans un monde ou les rôles feminins ne sont confié qu‘a la jeunesse et la beauté.
Du reste le procédé peine a s’installer dans les premiers échanges entre les deux personnages.
On a l’impression d‘un dialogue de sourds tellement aucun des deux ne semble interagir avec la missive de l‘autre.
Et puis ça prend.
Sur les thématiques, je craignais que l‘autrice fasse de la pedagogie feministe pour connard.
En effet, elle est l‘une des figures du mouvement, mais, quand on la lit ou qu‘on l’écoute, on s’aperçoit que son propos est loin d’être ultra. Au contraire, il y a une mesure, et une part de l‘autre, qui fait que même en étant de souche machiste, on peut le lire sans se sentir agressé, sauf a être tres fragile :
Ainsi un „journaliste“ de valeurs actuelles se vante de savoir qu‘en penser de l’oeuvre de Desoentes sans l‘avoir jamais lue. A quel niveau de bêtise faut il être pour revendiquer son ignorance comme un titre de gloire ?
Bref, il y a de l‘empathie dans l‘oeuvre de Despentes. Tellement qu‘en lisant sa trilogie précédente, Vernon Subutex, il m’est arrivé d’éprouver du malaise a la lecture de certains propos de personnage assez reac, en mode „c‘est pas faux“.
Ici aussi, Despentes arrive toujours a se mettre du côté de ses personnages et evite l‘ecueil du simplisme sans pour autant sombrer dans un relativisme total. On est dans l‘humain, l‘empathie, et, si son cher Connard merite amplement son mauvais moment, sans d‘ailleurs qu‘il puisse vraiment s‘en sortir lavé ou pardonné, la contrepartie pour son accusatrice est terriblement lourde...
Une plongée dans les réseaux sociaux qui fait froid dans le dos... on aborde aussi beaucoup la thematique de la drogue et de l‘addiction avec l‘une des plus violentes : l‘addiction a la célébrité... auteur celebre, actrice celebre, influenceuse suivie...
J‘evoque ces sujets qui ne sont pas du tout ma tasse de thé, et pourtant, le dialogue des deux personnages principaux nous amene sans douleur dans ce cercle des enfer inédit, celui du regard de l‘autre, de la medisance et de la rumeur, des amitiés trahies, des raids vengeurs, des guerres de clan en ligne...
Et le parallèle avec Les Liaisons dangereuses trouve ici une raisonnance. Il ne s‘agit pas tant ici de seduction que de réputation et c‘est aussi ce que perdent les personnages de Laclos.
Evidemment, puisque ce recit est ancré dans son époque, on echappera pas au confinement, vu du côté de gens plutôt privilégiés (seul et sans enfant)...
Enfin, il serait injuste de ne pas mentionner que ce roman épistolaire parle aussi beaucoup d’amitié. Une amitié improbable, mais qui s’avérera finalement forte et convaincante.