Quel serait le visage du monde si l’Europe avait été complétement anéantie par la peste noire ?
Kim Stanley Robinson se propose de peindre ce portrait dans un livre étrangement traduit par les « chroniques des années noires ».
C’est assez compliqué de juger ce livre, mais la première chose qui me vient là, c’est sa longueur : plus de 1000 pages, divisées en 12 histoires différentes ! Celles-ci sont bien sur liées, mais c’est très long à lire et je ne trouve pas que les efforts que demande ce livre soient récompensés.
Les 12 histoires sont en réalités des chapitres, le premier directement après l’épidémie de peste noire en Europe, les autres étant situés de plus en plus loin après ce point de divergence avec notre réalité.
Elles sont assez inégales, et ne m’ont pas toute fortement intéressé a vrais dire.
J’ai surtout voulu lire ce livre pour découvrir un nouveau monde uchronique, et j’ai été un peu déçu. Kim Stanley Robinson est un auteur phare de la hard SF et cela se ressent dans ce livre. L’érudition qu’il déploie est certes impressionnante, mais je trouve que de faire de la cohérence de cet univers une priorité alourdit le livre, d'autant plus que ce n'est pas le plus intéressant.
Au final, cet univers ressemble pas mal au notre :
Que dire de la convivencia des andalous, si ce n’est que c’est une renaissance ? De l’aventure de la fondation de Baraka si ce n’est que c’est une réforme ? Que dire de Khalid de Samarcande si ce n’est qu’il s’agit d’une sorte d’Isaac Newton ? Et le parallèle peut continuer avec la grande guerre. Le tout pour finir sur un dernier chapitre qui sonne très « fin de l’histoire » de Fukuyama.
À quoi bon dresser une uchronie si riche si le monde doit être une sorte de miroir du notre ? Ou un miroir de ce que nous pensons et du regard que nous portons sur notre histoire ? L'auteur cherche-t-il à montrer que l’humanité suit une trajectoire et ne s’en éloigne pas, quand bien même un continent entier et ses habitants disparaissent ?
J'ai quand même bien apprécié certaines choses, comme les éléments apportés sur les religions orientales et sur l’islam. J’ai surtout aimé l’idée de faire se retrouver les personnages dans le Bardo à la fin de chaque chapitre avant de les renvoyer dans le monde le chapitre suivant.
Je remercie finalement ce livre d'avoir éveillé ma curiosité, même si je l'ai trouvé trop long.