C'est plus du genre de la biographie de deux ou trois personnages et, dans une moindre mesure, de ceux qui les entourent, que relève ce dit roman, ce texte d'une lucidité implacable, presque sadique. Des personnages, l'auteur décline toutes les périodes de leurs vies, dans un système rodé de flashbacks, de l'un à l'autre, enfance, adolescence, jeune adulte, tout y passe, remplissant les pages, à défaut de faire véritablement intrigue. Et quand elle se noue, ténue et prévisible, elle met un peu de vie dans ce constat glacial, examiné en surplomb par le regard sévère du sociologue, qui a tout compris de ces existences contemporaines, soumises aux aléas de l'époque. En même temps, Nicolas Mathieu nourrit une certaine empathie pour ses personnages, ce qui sauve le livre du cynisme. Les passages "cabinet de conseil" sont ambigus, dénonçant ce fonctionnement ultralibéral mais adoptant copieusement le vocabulaire idoine, anglicismes ad nauseam, et explications interminables... Oui, sans aucun doute, Nicolas Mathieu a tellement bien compris ce système qu'il en nourrit de longs passages ; ce qui n'est pas le cas d'autres milieux professionnels, sur lesquels il est moins prolixe. Il y a du coup un déséquilibre dans cette justification d'existence des personnages. Là où l'un semble exister principalement par le travail et dans la contemporanéité, l'autre lui fructifie sa gloire passée, qui d'ailleurs sera le temps qui fera démarrer l'intrigue. C'est peu dire que j'ai peiné pour terminer ce livre. Et puis cette chanson, que je ne connaissais pas, je ne vois pas le rapport. Quand ça ne veut pas...