Incroyable... J'ai grandi à Genève. J'ai même fréquenté 4 ans le Collège Calvin, créé par Jean Calvin lui-même qui y a enseigné. Et je constate 30 ans plus tard que j'ignorais pratiquement tout de Calvin lui-même, pour ne rien dire de ce Sébastien Castellion dont je n'avais jamais entendu parler, et dont je n'ai jamais vu non plus de statue commémorative à Genève.
C'est un témoignage passionnant que nous livre ici Zweig, avec le génie littéraire qu'on sait. Comme le relève un autre commentaire ci-dessus, je ne suis pas en mesure d'établir la fiabilité historique de ce qu'avance Zweig, même si j'ai fait qqs recherches complémentaires, notamment sur Wikipédia. D'autre part, comme dans d'autres biographies de Zweig (Erasme, notamment), se mêlent certainement ici des éléments liés à l'époque dramatique (années 30, en Autriche), durant lesquelles Zweig a écrit ce texte.
Mais cela n'ôte rien au fond de ce texte, c'est-à-dire aux réflexions de l'auteur sur la tolérance, sur le fanatisme, sur le totalitarisme dont Calvin fut apparemment l'une des premières grandes figures modernes.
Pourquoi Castellion n'est-il pas mieux connu à Genève et en Suisse ?
Certains de ces propos sont d'une forme remarquable, comme : « Tuer un homme ce n'est pas défendre une doctrine, c'est tuer un homme. Quand les Genevois ont fait périr Servet, ils ne défendaient pas une doctrine, ils tuaient un être humain : on ne prouve pas sa foi en brûlant un homme mais en se faisant brûler pour elle ».
Bref, indépendamment de sa justesse historique, que je ne peux évaluer, ce livre reste une oeuvre forte, riche, qui donne beaucoup de matière à penser et à mieux comprendre à la fois le passé et le présent.