Entre les états j’erre dans la bibliothèque municipale à la recherche d’un livre justifiant mon affalement dans l’un de ces vieux fauteuils défoncés mais si confortables, ces contes me tombent sous les yeux, la photo de couverture m’aguichant (1) et le nom de l’auteur chantant à mes esgourdes.
Il m’en faut souvent moins pour choisir un livre.

Horacio Quiroga est né en Uruguay en 1878. Tout ce que je connais de l’Uruguay se résumant à Montevideo, sa capitale au nom qui m’a toujours amusé, et à Diego Forlan, ma curiosité en fut de suite éveillée. Malheur de toujours en revenir au football lorsque l’on cause Amérique du Sud.

Mais ça, c’était avant.

Maintenant, ma culture littéraire sud-américaine ne se résume plus au seul Garcia Marquez (Bon voyage, mec) et je m’en viens vous donner envie de mettre votre nez dans ce recueil.

Recueil pensé comme tel dès le départ par l’écrivain, donc homogène et dont les courtes histoires s’enchaînent suavement, vous enrobant de la moite chaleur argentine.
Où certains semblent considérer Quiroga comme une sorte de Poe de la pampa, comparaison flatteuse j’en conviens, je ne suis pas d’accord. Surprenant.
Certainement, il distille dans certains de ses contes fantastiques une certaine frayeur, mais loin de l’horreur macabre on reste dans le léger, le à peine perceptible, le frisson qui descend le long de l’échine sans que l’on sache ni comment ni pourquoi il est arrivé là. C’en est plus dérangeant.
Comme lorsqu’il nous narre comment des chiens voient la mort de leur maître annoncée, personnifiée, là, devant eux, sous le soleil de plomb qui use les péons et achève bien les chevaux.

J’apprécie énormément la littérature fantastique mais ici j’ai préféré les histoires réalistes, surtout « La poule égorgée » ou « Une saison d’amour », contées simplement, mais de manières ô combien percutantes et efficaces.
La mort pèse énormément sur chacune de ces nouvelles, qu’elle n’y soit point présente on la sent tout de même planer telle une ombre sur leurs acteurs et quand on en apprend un peu sur la vie de Quiroga, cela se comprend aisément.

Et pourtant le dernier conte, au titre qui m’interpella de suite, « La méningite et son ombre », nous laisse avec au contraire de ce qu’aurait pu laisser présager son entame une fin plus légère, une touche d’espoir, un peu de bonheur, enfin.

Monsieur Quiroga, ce fut une belle rencontre et j'espère que l'on se recroisera... Ce sera sûrement le cas, je n'ai toujours pas de fauteuil chez moi.


(1) Couverture différente de celle d’SC qui il faut bien le dire, ne casse pas trois pattes au palmipède du coin².
Pravda
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le 14 mai 2014

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Pravda

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