L'ivresse des profondeurs
A roman fleuve, courte critique : just jump !
Bien sûr, on n'y comprend rien, bien sûr il y a trop de personnages, trop de péripéties, trop de décors, trop de mots, trop de non-dits... mais comme dans la vie !
C'est une urgence, avant que l'ennui n'ait raison de nous : il faut plonger dans cette rivière si froide et si chaude, si transparente et si boueuse, si calme et si impétueuse, si longue et pourtant déjà arrivée à la mer : à nous de devenir des bateaux ivres,
enfin !
Que vous n'en lisiez que 50 pages par ci par là ou trois fois de suite les 1200 que compte ce pavé dans la mare, que vous ayez envie d'embrasser Thomas avec la langue après ça, ou de le gifler avec des bagues rouillées à chaque doigt, une seule chose ne serait pas de l'ordre du raisonnable : que vous ne vous y frottiez pas, pour voir ! Tour à tour ironique, tendre, savant, époustouflant, sincère, politique, mystique, clair, obscur, poétique, délirant, explosif, lyrique, contemplatif, émouvant, horripilant, il n'y a bien qu'une corde que ce salaud de Pynchon n'aie pas à son arc : celle de la nonchalance blasée. Quel que soit le combat, semble crier sotto voce tous les fils tressés ici, l'important est de se battre, puisque de toute façon nous ne pouvons pas gagner. Au moins nous serons mort le poing levé !