Traduit en justice
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Il a pu à plusieurs occasions sortir de sa situation, il est d'ailleurs doué et de nombreuses opportunités s'offrent à lui, que ce soit par le biais de sa famille ou de ses amis.
Mais il est trop fier et trop bon pour dépendre des autres et de ces êtres "ordinaires" comme il les appelle, il se sent un peu au dessus de la masse pour qu'on puisse avoir pitié de lui, il est d'ailleurs souvent irrité par la discussion avec les autres, il n'a besoin de personne.
Non, non, il est bien au dessus des autres, c'est un être "extra-ordinaire", un de ces êtres qui est au dessus des lois et qui a le droit de tuer pour le bien de tous comme il l'écrivait dans son article, et c'est ce qu'il va faire, il va tuer cette vieille usurière qui pourrit la vie à beaucoup de monde, et de ce crime va naître sa légende et son aisance financière. Napoléon tuait aussi après tout.
Mais tout ne se passe pas comme prévu, il essaye sa théorie à la pratique mais ça ne fonctionne pas, il ne sent pas ces envies d'aisance financière. D'ailleurs, c'est un homme bienfaiteur, qui aime faire le bien autour de lui, il est très empathique et a le sens du sacrifice, le moindre sous qu'il gagne finit dans la poche d'un miséreux, au delà du crime, n'est ce pas sa personnalité, le sacrifice perpétuel de sa condition, qui est un bienfait pour l'humanité ? Comment un Napoléon peut-il être si généreux ? Peut-on être un être "extraordinaire" quand on se soucie de la veuve et de l'orphelin ?
Lui qui est si généreux, n'a besoin du sacrifice et de l'aide de personne, et pour se prouver qu'il est "extra" ordinaire, il va leur dire à la gueule, que c'est lui l'assassin, il va tirer son sentiment de puissance dans le fait de narguer la justice, en jouant au chat et à la souris.
Mais la justice elle même a ses loups, ces êtres qui ne sont pas dupes, qui comprennent le personnage au premier coup d'oeil. De toute façon, la théorie ne fonctionnant pas, la culpabilité et la folie ronge le personnage, il s'avouera vaincu, le châtiment c'est ce qu'il a vécu, il doit maintenant expié.
La folie et sa non-chalance le quitteront définitivement, quand il découvrira l'amour, la vie. Il a sacrifié sa situation, sa famille, la santé de sa mère, mais le châtiment arrive paradoxalement quand il découvre l'amour et la vie. C'était lorsque Raskolnikov se trouvait parmi les êtres ordinaires en Sibérie, un sentiment humain le toucha : l'amour, celui de Sonia. Ce sentiment lui est venu quand il s'est rendu compte du sacrifice totale d'une ancienne prostituée pour lui, celui de Sonia qui a tout quitté pour le suivre jusqu'en Sibérie.
Une expiation qui peut nous semble venir de la biographie de l'auteur, qui a été envoyé lui aussi en Sibérie et à qui on a offert une bible lors du trajet. Le personnage de Sonia et l'appel au sacrifice pour l'autre ne nous rappellent-ils pas Dieu ?
Créée
le 19 oct. 2021
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