-- Se retient de faire la blague du "Tu veux toucher mes saints-Bernard ?" --

L'exploit du livre c'est de si bien nous décrire ce, d'abord, brave Cujo. Au début, on a envie de lui crier "mais barre-toi de là !" pour qu'il ne se fasse pas mordre par cette chauve-souris et ainsi, inoculer le virus de la rage, car on le voit bien que c'est un bon gros toutou, placide, ami fidèle, en somme le chien qu'on aimerait avoir.

C'est ce même chien qui quelques pages plus loin nous glace le sang. Les premiers symptômes de la maladie se déclarant, les première bouffées d'agressivité s'exprimant même envers son jeune maître à un moment ou, par chance pour le gamin, l'animal réussira à contenir sa rage en souvenir des dernières traces d'attachement qu'il reste en lui. Et désormais, Cujo n'épargnera plus personne.

Commence le huis-clôt. Donna Trent, accompagnée de son fils de quatre ans, Tadd, emmène sa voiture à réparer chez le garagiste du coin, Joe Camber. Hélas ce dernier a déjà péri sous les assauts de la terrible mâchoire de Cujo, le chien de son fils. Elle se retrouve coincée dans sa voiture, en pleine canicule, le chien montant la garde à l'extérieur et n'attendant qu'une chose : pouvoir les dévorer, lacérer, déchiqueter et tout ce qui s'en suit . Et on comprend, on vit presque la terreur paralysante que doit provoquer une telle situation : peu à peu affaiblie par la chaleur, la faim et la soif, assiégé par un monstre canin qui charge la voiture tel un boeuf et le pire de tout, voyant son fils s'éteindre à petit feu. Elle doit trouver en elle la force nécessaire pour agir, mais que faire ?

Autour de ça, King nous présente longuement un certain nombre de personnages, dont en premier lieu bien sur, les membres de la famille Trent. Vic, le mari, vient d'apprendre que Donna a eu une aventure (et elle va la payer très cher) alors que son entreprise traverse une crise. Le petit Tadd qui s'invente des monstres dans le placard... mais se les invente-t-il vraiment ? S'ajoute la famille Camber, les propriétaires du chien et Steve Kemp, l'ex-amant de Donna. Cela a pu en rebuter certains souhaitant plus s'attarder uniquement sur l'action principale du livre, mais tous ces portraits sont bien faits, intéressants et seuls les passages entre Vic et son associé m'ont un peu barbé.

Mais revenons-en à ce pauvre Cujo. Car bien que suscitant un effroi terrible, on ne peut s'empêcher de se dire que ce n'est pas vraiment de sa faute tout ce qui arrive et qu'il en est la première victime. Le véritable monstre de ce livre c'est la maladie, cette rage qui annihile tout ce que cet animal a pu avoir de bon en lui et à la fin, j'ai ressenti une immense pitié pour ce chien.

Je finis sur les quelques aspects négatifs car il y en a tout de même, comme le trop peu d'immersion dans "la tête" de Cujo alors que les quelques passages existant sont très intéressants et réussis.
J'ajouterai (et je pense, enfin j'espère, que ceci est du à une mauvaise traduction) que c'est par moment plutôt mal écrit et que le vocabulaire attribué à un enfant de quatre ans me parait assez inadapté.
Je conclurai sur un petit détail : Stephen King prend quelques libertés "scénaristiques" par rapport à la rapidité à laquelle évolue la maladie. En effet, le chien est mordu un matin, commence à déclarer les symptômes cliniques quasi instantanément et environ 4 jours après est déjà à l'agonie. C'est un peu expédié...

Mais je pardonne tout cela car j'ai passé un très bon moment avec ce Cujo qui m'a happé dès le départ et distille habilement tout au long de ces presque 400 pages une horreur tour à tour bestiale et plus psychologique.

Du bon King.

EDIT : à la fin du livre, Brett Camper se voit offrir un chiot et lorsqu'il demande s'il est de race on lui répond par l'affirmative en précisant qu'il s'agit d'un "kelton"... Peut-être un clin d'oeil ou une référence qui m'échappe, mais j'avoue que ça me tarabuste ne trouvant aucune race de chien répondant à ce nom.
Pravda
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le 11 sept. 2013

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