Partez pour les terres sauvages. Suivez les ambitions de 3 protagonistes très différents. Comprenez les aspirations de chacun. Prenez part à leur vengeance, leur survie, leur croisade mais surtout assistez à leur évolution spirituelle.
Une histoire épique menée sans réels temps morts. Vous vibrerez peut-être comme moi face aux tiraillements moraux et sentimentaux des personnages d’une profondeur certaine, non trop manichéens.
Le choc des cultures est très bien relaté jouant sa part dans l’appropriation des difficultés des personnages à vivre avec les autres. Les incompréhensions foisonnent (parfois pour notre plus grand plaisir menant à quelques situations cocasses) et notre point de vue contemporain là-dessus s’amuse comme se désole du désarroi des personnages. Parce qu’ils sont très humains, pris de tourments universels, vous ne pourrez que vous y attacher.
Du point de vue de la forme les récits parallèles apportent de la force par l’apport de visions différentes sur les évènements apportant toujours plus de compréhension des enjeux de chaque parties. Ils sont accrocheurs et plutôt maîtrisés. J’émets ici un petit bémol car parfois les découpages créent une légère frustration. Des arrêts aux mauvais moments existent. Voir les évènements à travers les yeux des différents personnages amène des répétitions, un peu dommage même si cela reste minoritaire.
Je voudrais mettre une mention spéciale pour la description. Autant des lieux que des sensations car les deux combinés ont vraiment fait que j’ai été plongée au cœur des évènements et de l’environnement de ce Canada du XVIIe. Il y a également beaucoup de poésie dans l’écriture de Boyden, dans les moments sombres comme dans les plus heureux. Cette plongée fera que certains lecteurs pourront être rebutés par certaines scènes plus crues. Celles de violence envers les prisonniers. Certaines font froid dans le dos et imaginer les sévices sur soi est assez violent mais ces scènes ne sont pas inutiles. Ces actes ont une grande force symbolique pour ces tribus.
J’ai passé un bon moment aux côtés de ces indiens et jésuites sous un dosage réussi de douce rêverie et de cruel cauchemar. Voilà un bon roman que vous aurez peut-être entre les mains, je vous le souhaite. Puissance, beauté et cruauté sont les maîtres-mots Dans le grand cercle du monde.