Écrire un avis sur un pilier de la littérature fantastique, c'est pas du tout évident si tu veux mon avis. Des Fleurs pour Algernon me fait de l'oeil depuis environ une dizaine d'années, du genre à me taquiner sur des coins de tables, bien en pile. Le genre aussi qu'on te demande souvent comme prescription scolaire, mais aussi de la part des nombreux collègues croisés au long de mon parcours professionnel qui m'ont tous soutenu que c'était une petite bombe.
Et bien soit, il est terminé. Et je dois dire que je ne m'attendais pas du tout à ça (en terme d'histoire j'entends). Je m'attendais à des expériences scientifiques certes, mais pas du tout abordé sous cet angle social et progressiste.
Le roman est une succession de comptes rendus datés par le personnage principal, Charlie. Considéré comme un "arriéré mental" (on est en 66, tiens compte de l'évolution des termes et des moeurs quand même) par sa famille, ses collègues de travail et par une professeure qui essaye de lui donner des cours de rattrapage, Charlie n'a qu'un seul souhait, devenir intelligent.
Repéré par des neurologues qui ont tenté une expérience sur une souris (Algernon), celui ci fonce tête baissée, sans comprendre réellement les enjeux d'une telle expérience et les conséquences qu'un gain d'intelligence peut avoir, d'abord sur lui-même, mais aussi sur son entourage ...
... Et nous non plus en fait. Et c'est en ça que je trouve Des Fleurs pour Algernon intéressant. Il défend déjà que nous sommes tous des êtres humains, ce qui paraît évident bien sûr, mais pas souvent dans la vie réelle, et Charlie va l'apprendre à ses dépens.
J'ai moins aimé le côté rappel des souvenirs de Charlie, même si ça apporte du corps au texte et nous permet de mieux comprendre ses névroses et sa quête éternelle d'intelligence.
C'est un très bon roman, un peu fastidieux au début car Charlie s'exprime à hauteur de ses compétences, mais plus il acquiert de la matière grise et plus le texte est compréhensible. On apprend à apprécier son personnage, sa comparaison avec la souris Algernon qui a aussi subi cette expérience, Charlie pourra parfois aussi nous agacer et c'est finalement cette dualité qui nous fait comprendre beaucoup de choses sur notre rapport à l'autre.
C'est assez curieux de voir comment sont traitées les femmes de ce roman, malgré une démarche progressiste de la part de l'auteur ; victimes, faibles, tentatrices, désinvoltes, manipulatrices, castratrices ... Il y a très peu de place pour les qualités, mais je dois dire que l'homme s'en prend plein la gueule aussi, alors je mets un peu de mesure à ce sujet.
Bref, si vous ne l'avez pas encore lu vous pouvez plonger dedans sans vous retenir plus que ça, ça vaut vraiment le détour. Et puisqu'il fait partie des livres les plus lus dans le rayon SF/Fantastique, il n'y a pas de raison de s'en priver !
Bonne lecture !