Autant l'idée de départ est originale et le mystère tout de suite interpelle, autant la construction du récit et le style d'écriture font retomber le soufflé de la narration tel un pain sans levure dans le four de l'indolence (wat ?).
En effet, le choix de ne suivre aucun personnage est pour le moins déstabilisant. Chacun des nombreux récits commence tout juste à prendre forme qu'il passe aussitôt à la trappe, sans ne devoir jamais connaître de suite (sauf exceptions guère plus immersives). En conséquence de quoi, impossible de s'identifier à un quelconque point de vue, de suivre l'évolution d'un personnage ou, et c'est le plus grave, de s'attacher à la résolution de l'énigme principale. L'auteur distille des indices çà et là, au gré d'une chronologie fantaisiste plutôt frustrante. On en vient à s'extraire du bouquin, à se rendre compte que l'auteur nous révèle ce qu'il veut quand il le veut et à attendre donc patiemment qu'il daigne lever le voile sur le suspens qu'il crée artificiellement, plutôt que de partager la progression d'un personnage vers la révélation. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que le mystère reste entier jusqu'aux dernières pages. Comme en plus, la résolution de l'énigme est décevante...
On aimerait se focaliser sur autre chose, mais la plume de l'auteur n'a vraiment rien pour elle (aucun humour, aucune fantaisie ni beauté), et la description des petits états d'âme de personnes que l'on vient de découvrir et qui retomberont dans l'oubli dans quelques pages, comment dire, on s'en tartine la baguette, et dans le sens de la longueur encore. Reste l'univers, peu original mais attrayant, mais en si peu de pages (300 en poche), et avec autant de place accordée à des babioles, il n'est guère développé : on est à des parsecs des empires de Dune ou de Fondation.