« Les grandes œuvres ne sont pas attendues parce qu'elles sont inconcevables »
« Nous sommes tous les misérables orphelins de Dino Egger »
Cette citation résume l'idée géniale que développe Eric Chevillard dans le texte éponyme : notre monde est tel qu'il est, parce que Dino Egger, qui eut été un être d'exception, au moins l'égal d'un Jules César, d'un Rembrandt, d'un Victor Hugo ou d'un Einstein, n'a jamais vu le jour. Il s'agit donc pour Chevillard, qui s'incarne dans le texte en Albert Moindre, érudit sans épaisseur qui a consacré sa vie à celle de Dino Egger (ou plutôt à son absence), d'imaginer qui celui-ci aurait pu être, à quelle époque il aurait pu s'incarner ou encore quelle aurait été sa fantastique contribution à l'histoire de l'humanité.
« Les grandes œuvres ne sont pas attendues parce qu'elles sont inconcevables »
En écrivant cette phrase pleine de sens, Eric Chevillard pointe cependant et malgré lui, à l'opposée du potentiel apparent de l'idée qui sous-tend son texte, toutes les limites qu'elle s'impose à elle-même. Comment imaginer ce qui ne peut se concevoir ? Si l'on n'est pas soi-même ce personnage qui doit modifier la face du monde, comment proposer ce que seul lui pourra (aurait pu / pourrait...) inventer ? Ce qui ne laisse plus grand chose d'intéressant à dire au sujet de Dino Egger. Une liste d'inventions parfois amusante, souvent dénuée d'intérêt. Quelques hypothèses immédiatement réfutées. Une tentative d'incarnation « par force ».
Dino Egger n'a pas existé, il n'existera jamais. Il sera peut-être remplacé par Johnny Leverbeux ou Eric Babillard. Pour moi, ça ne fait pas grande différence.