Un ouvrage qui participe de la mythologie moderne.
Génialement composé, même si ce Deus ex Machina nous arrive comme un cheveu sur la soupe, il a le mérite d'être d'une créativité sans pareille. La pièce est fine dans son traitement du personnage de Dom Juan, un pédant au-dessus de tout et de tous, indépendant au possible, affranchi des normes morales. Le couple Dom Juan - Sganarelle est à mourir de rire, et les personnages secondaires bien campés semblent le témoignage d'une société guindée et recroquevillée sur ses croyances.
Tout comme son personnage éponyme, la pièce se distingue par son propre affranchissement des carcans Classiques en jouant de la tragicomédie, tellement décriée, en donnant la parole aux paysans dans un parler rustre inaccoutumé et en faisant intervenir le surnaturel par ses spectres ou ses statues mouvantes. Il y a du Romantisme avant l'heure dans ce Dom Juan extrêmement moderne, à la morale plus subtile qu'il n'y paraît (censure oblige). Au final, ce Dom Juan plein d'aplomb fait bouger les lignes : individualiste, non-croyant, investi de son propre code de l'honneur, effronté jusques dans la mort.