Ah Dracula, sacré Dracula, il m'aura hanté longtemps, un an et demi pour en voir le bout.
Et ça majoritairement à cause du style, très ampoulé, qui fut d'une lourdeur terriblement fatiguante.
Tout le monde parait terriblement niais au delà du premier acte, en grande partie à cause du style.
Bien sûr, je reste un inculte littéraire et mes critères d'appréciation ne sont peut-être pas taillés pour la littérature "classique", malgré tout j'ai la prétention de proposer mon point de vue sur cette œuvre aussi bancale sera-t-il.
Pour revenir au sujet avec pugnacité, les protagonistes principaux sont de petits bourgeois bien éduqués, trop pour ne pas être insupportables à mon goût. Rendant une mort hypothétique de l'un d'entre eux peu inquiétante.
D'ailleurs il est fait référence à cette aisance financière qui leur facilite bien la vie dans le roman, les remarques sont assez drôle.
En passant outre la lourdeur du style et des personnages, on trouve pour moi de belles qualités dans ce roman, qui encore une fois ne viennent pas sans quelques déceptions.
Le récit est rapporté via plusieurs supports, par plusieurs personnages et il fait partie du récit lui-même d'une certaine manière. Chaque protagoniste a un style un peu différent, quoi que, en dehors de Van Helsing, les autres paraissent assez uniformes, mais c'est peut-être un problème de la version française. Malgré tout ça reste intéressant.
L'histoire en elle-même, encore une fois en demi-teinte, dispose de moments forts, iconiques, mais aussi de longues, terriblement longues séquences qui n'avancent presque pas et sont d'une platitude assez déprimante (pour un lecteur contemporain ?).
Ces errances sont l'occasion pour Bram Stoker de poser un peu de fond, et de parler de scientisme, d'ouverture des champs en science, de biais de l'esprit qui peuvent toucher le savant ou quiconque pensant savoir, qui ne sait finalement pas grand chose, comme nous tous, évidemment. C'est plutôt léger et très éparse mais ça occupe durant les 300 pages centrales du roman.
En ce qui concerne Dracula, il est assez en retrait, le personnage n'a pas vraiment de profondeur, il n'est même pas vraiment un personnage dans son traitement, plutôt une créature, un monstre mythologique.
Mais d'un autre côté, il est omniprésent, car il dirige finalement toute la suite d'événements du roman, c'est assez dommage, on voudrait en savoir plus, on s'attend à en savoir plus, et finalement on aura bien peu une fois le premier acte passé.
Premier acte qui en soit est fabuleux, intense, haletant, dans une ambiance gothico-glauque très réussie qui pourrait constituer une nouvelle indépendante. J'aurais préféré personnellement.
Malgré tout, le dernier acte fait monter progressivement une tension assez forte et installe une ambiance remarquable de froid et d'isolement qui manquait depuis le premier acte.
Malheureusement tout retombe comme un soufflet sur un final terriblement mou et sans noblesse.