Eddy Bellegueule a grandi dans un petit village très rural au sein d'une fratrie de cinq enfants. Dès son plus jeune âge, ce qui a toujours été frappant chez Eddy était "ses manières". Un enfant légèrement efféminé donc, n'aimant pas jouer au foot et préférant la compagnie des filles plutôt que celle des garçons dans la cour de récré. C'est une autofiction que nous livre Edouard Louis où il nous raconte les souvenirs de son enfance marqués par le rejet de tous de ce qu'il est, y compris de sa famille, des moqueries et des violences faites au collège entre deux sonneries et son envie profonde de sortir de ce village et de cet univers rural où la différence est rejetée de tous.
Ce qui m'a la plus troublé dans ce livre c'est le quotidien décrit par l'auteur: né en 1991 (soit un an avant moi), en milieu rural (comme moi), il évoque la pauvreté de sa famille en nous racontant les bains pris une fois par semaine seulement et où l'eau servait aux cinq enfants de la famille, les repas modestes souvent constitués du même menu, l'étroitesse d'esprit... J'ai donc été étonné de ces conditions de vies décrites qui m'ont parues bien rudes pour les années 1990... L'auteur a t-il voulu forcer le trait?
J'ai tout de même pris plaisir à cette lecture. J'ai aimé détester l'auteur d'être si imbus de lui même et d'avoir ce regard si critique envers sa propre en famille en grossissant parfois les traits des comportements et du mode de vie de ces habitants d'un petit village du nord...
Peu d'émotions toutefois dans ce récit, l'auteur prend un ton très froid, mais on ne peut s'empêcher d'éprouver de la compassion pour l'auteur et du mépris pour "les autres".