Difficile, voire impossible, d’axer un roman sur les questions environnementales et particulièrement sur le réchauffement climatique sans verser dans le manichéisme le plus ingénu. A moins de prendre clairement position, cela va de soi.
En voulant se situer dans une zone médiane neutre, c’est pourtant ce que va tenter M.Crichton qui semble avoir été passionné par le sujet (cfr les très nombreux ouvrages cités en annexe)
Pour essayer de nous expliquer l’inexplicable, Crichton va mettre en scène deux factions opposées. A ma gauche, les climatosceptiques (principalement des acteurs du monde économico-industriel) conseillés et défendus par des armées de scientifiques et d’avocats. A ma droite, les défenseurs de l’environnement (Ecolos, altermondialistes, environnementalistes etc…) conseillés et défendus par d’autres armées de scientifiques et d’avocats. Et au centre, Peter avocat d’affaires, càd vous et moi, qui va tenter de se créer sa propre opinion.
On perçoit la bonne volonté de l’auteur en s’attaquant à pareil sujet, soucieux qu’il est de nous en livrer une vision des plus objectives et on s’est plus d’une fois étonné de le voir verser au dossier des éléments dont on n’avait jamais entendu parler, et ce aussi bien à charge qu’à décharge. Le travail est louable mais la lecture en devient souvent fastidieuse tant le lecteur est submergé de graphiques, d’annotations, de bas de pages et de considérations scientifiques prouvant tout et son contraire. Chaque camp exagérant l’étendue de ses connaissances, leurs certitudes en deviennent vacillantes.
Malheureusement pour lui, lorsqu’on lit le livre 15 ans après sa parution, comme je l’ai fait, pas mal d’arguments de Crichton s’effondrent mais les climatosceptiques dont la cote est pourtant en baisse aujourd’hui, sont toujours bien présents, parce qu’au final, bien des questions n’ont toujours pas trouvé de réponses même s’il est admis (pas par tous) que l’homme est bien au cœur du réchauffement climatique.
Peut-être que lorsque la science et la politique - ce couple maudit - cesseront de se snober l’un l’autre, une vérité nouvelle apparaîtra.
Quant au roman proprement dit, il est évident que l’auteur l’a bâclé, tout absorbé qu’il était à sa tâche didactique. Les personnages sont moins fouillés que d’habitude, leur personnalité caricaturale et l’action inexistante même si on passe de la Californie à la Nouvelle Zélande en quelques pages. Il est d’ailleurs piquant de constater que ses personnages incarnant la défense de l’environnement font un usage, qu’on pourrait qualifier d’abusif, du jet privé. Mais si c’est pour la bonne cause …