Bon, je m'étais dit, tiens si je lisais La Fille aux yeux d'or. Ah, mais oui, c'est vrai que c'est le troisième et dernier volet de l'Histoire des Treize, comprenant aussi le livre critiqué ici ainsi que La Duchesse de Langeais. Bon, allez, les romans en question sont assez courts. En conséquence, ce serait dommage de passer à côté d'éventuelles références, de clins d'œil, sur l'autel de la simple paresse. Ce qui fait que j'ai commencé par le commencement, avec Ferragus, chef des Dévorants.
Il est dans Paris certaines rues déshonorées autant que peut l'être un homme coupable d'infamie ; puis il existe des rues nobles, puis des rues sur la moralité desquelles le public ne s'est pas encore formé d'opinion ; puis des rues assassines, des rues plus vieilles que de vieilles douairières ne sont vieilles.
Honoré de Balzac prend le temps ici, dès l'introduction, de faire de la capitale un personnage à part entière, de lui donner, ne serait-ce qu'en s'épanchant sur une seule rue, des nuances de caractère, de l'analyser dans toutes ses facettes, de ses plus beaux quartiers jusqu'à ses plus malfamés. Bref, l'auteur décortique l'âme de cette ville tout au long du récit.
Et avec cette toile de fond, s'y prêtant à merveille, on est très vite plongé dans des mystères, ne provoquant qu'une seule envie, qu'ils soient dévoilés (même si des années et des années à ingurgiter à de la fiction, sous toutes les formes, ne rendent guère surprenante la principale révélation !). Oui, c'est que l'on appelle, en bon français, un page-turner.
Reste que si Balzac est imbattable pour décrire des atmosphères diverses à partir de différents lieux, pour observer avec une minutie d'horloger la mécanique des sentiments, amoureux ou autres, pour peindre un tableau de la société entière, urbaine ou rurale, riche ou pauvre, par tout ce qu'il y a de plus terrestre, de plus matérialiste, de plus "compte d'apothicaire", qu'il est un géant de la littérature capable d'aligner les chefs-d'œuvre, quand il se maintient dans ces domaines... reste que l'écrivain titille sérieusement le ridicule lorsqu'il s'essaye au mélodrame le plus outrancier.
Sérieux, l'autre conne a un petit pet de traviole et elle claque à cause de cela ? Si tout le monde crevait de cette manière, on n'aurait pas le problème de la surpopulation.
C'est dommage qu'il y ait cet aspect dans lequel l'homme de lettres n'est absolument pas fait. Chose dont il n'était pas pleinement inconscient puisqu'il s'était moqué de ce type d'expression de la passion dans Le Lys dans la vallée, par le biais de Félix de Vandenesse narrateur. Oui, c'est dommage, car tout ce qui n'est pas touché directement ce problème offre des pages qui sont parmi les plus belles et les plus réussies du Monsieur.