Là où Francis Scott Fitzgerald déconne, c’est qu'il n'a même pas le bac de français. C'est son point commun avec Donald Trump, Nabila et Flipper le dauphin. Et c'est pourquoi il est incapable d’écrire : « Toute vie est bien entendu un processus de démolition » (La Fêlure). Il est forcé d’écrire : « Of course all life is a process of breaking down » (The crack up).
J'en viens donc à l'essentiel : Julie Wolkentsein est à Francis Scott Fitzgerald ce que Jésus est au christianisme. Il y a un avant et un après. En 2011, elle a publié une traduction de Gatsby le magnifique chez P.O.L. – qu'elle a rebaptisé Gatsby tout court – et depuis plus rien n'est pareil. Comme par miracle, ce roman d’importation américaine a pris un air de baguette tradition et il est devenu presque aussi beau dans la langue de Molière que dans la langue de Mickey.
Avant J.-W., Fitzgerald écrivait : « Dans ses bleus jardins des hommes et des femmes passèrent et repassèrent comme des phalènes parmi les chuchotements, le champagne et les étoiles »
Après J.-W. : « Sur ses pelouses bleues, des hommes et des femmes allaient et venaient comme des papillons de nuit, environnés de chuchotements, de champagne et d’étoiles »
Dans une postface à sa traduction, Julie Wolkenstein écrit : « Je n’ai jamais traduit aucun autre roman, n’en traduirai probablement jamais d’autre. » What a pity !